En fin de vie, un bateau devient un déchet polluant pour notre lagon et nos mangroves. En théorie, il doit être déconstruit, dépollué et ses pièces doivent être triées pour être revalorisées. Aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie, où l'on recense 27 000 bateaux de plaisance, la filière de déconstruction des navires hors d’usage (NHU) n’est pas réglementée. "Cela veut dire trouver et mettre une filière de déconstruction car il s’agit la plupart du temps de renflouer le navire, de la tracter sur une zone où l’on va pouvoir le démanteler et ensuite de trouver les fonds pour le faire", indique Philippe Darrason, le président du cluster maritime de Nouvelle-Calédonie.
Opération pilote
En début d’année, une opération pilote a été initiée dans l’enceinte du port autonome à Nouville, en partenariat avec la province Sud et le cluster maritime, pour dépolluer et démanteler 16 navires de plaisance. "Il s’agissait d’une première étape pour valider le procédé. Comment déconstruire les navires et quelle filière de réutilisation des matériaux peut-on mettre en place ? Cette filière est évidemment porteuse pour le développement de l’économie bleue". Sur le plan économique, des emplois pourraient être créés, une vingtaine, au sein de la filière, souligne Philippe Darrason.
Comment éviter l’abandon des bateaux ?
A l’horizon 2032, 6 000 bateaux de plaisance seront en fin de vie en Calédonie. Pour éviter leur abandon, Philippe Darrason estime qu’il faut absolument règlementer le mouillage. "Si nous avons des bateaux qui s’échouent, c’est parce qu’ils ne sont pas amarrés comme il convient ou que les éléments de sécurité ne sont adéquats. Nous sommes l’un des rares pays au monde où le mouillage n’est pas organisé". Autre raison évoquée par le président du cluster maritime de Nouvelle-Calédonie : le suivi des bateaux, "il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de bateau dortoir. C’est tout un système à remettre en cause pour éviter les abandons".
Enjeux économiques et environnementaux
"L’économie maritime ne peut fonctionner que dans le respect des enjeux environnementaux, en intégrant les populations car il faut que les opérations soient acceptées". Et pour cela, il faudrait "intelligemment préserver et exploiter de manière raisonnée et raisonnable nos ressources". Des ressources halieutiques, biologiques et touristiques, qui selon Philippe Darrason, sont insuffisamment exploitées. Sans véritable politique de la mer, difficile pour la Nouvelle-Calédonie de répondre aux enjeux économiques et environnementaux. "Clairement au niveau institutionnel, il faut une politique commune avec des outils de gestion communs. Au gouvernement, par exemple, il faudrait un ministre de la mer comme c’est le cas en Polynésie".
Un entretien avec Sheïma Riahi à retrouver ici.