Eramet a vendu son usine de nickel de haute pureté de Sandouville au groupe sud-africain Sibanye-Stillwater. Le site industriel a fonctionné jusqu'en 2016 à partir des concentrés de nickel provenant de la SLN en Nouvelle-Calédonie. Puis avec des produits livrés par le finlandais Boliden.
Le groupe minier français Eramet a annoncé jeudi la signature de la vente de son usine de nickel en difficulté située à Sandouville (Seine Maritime), au géant minier sud-africain Sibanye-Stillwater qui veut se développer en Europe pour alimenter le marché des batteries.
L'usine de Sandouville qui emploie 189 salariés réalise un chiffre d'affaires annuel de quelque 150 millions d'euros. Elle est "déficitaire depuis cinq ans" malgré "plus de 150 millions d'euros" investis par Eramet depuis 2016, a indiqué le groupe français qui l'a inscrite fin 2020 dans une liste d'actifs à céder.
Eramet, qui a obtenu le 29 octobre le feu vert des instances représentatives du personnel pour cette cession, était entré en négociation exclusive fin juillet avec Sibanye Stillwater, acteur mondial des métaux précieux, pour un montant annoncé de 65 millions d'euros.
"Eramet annonce ce jour avoir levé son option de vente des titres de sa filiale", l'usine hydro-metallurgique Eramet Sandouville, après avoir procédé à "la signature du contrat de cession avec Sibanye-Stillwater", indique le communiqué diffusé jeudi.
Le groupe sud-africain a également publié un communiqué en parallèle. L'opération devrait être finalisée "en début d'année prochaine", "sous réserve de la levée de conditions suspensives administratives" ont précisé les deux groupes jeudi.
Cette cession peut paraître paradoxale pour un groupe comme Eramet qui a entièrement recentré sa stratégie sur les métaux de la transition énergétique (pour l'essentiel, ceux qui sont utilisés dans les batteries comme le nickel, le cobalt ou le lithium) et cherche à se défaire parallèlement de ses filiales métallurgiques aéronautiques par exemple.
Mais Eramet considère que l'usine de Sandouville est inadaptée à cette stratégie, car elle nécessite de nouveaux et lourds investissements pour pouvoir produire les sels de nickel nécessaires aux batteries automobiles.
Les concentrés de nickel actuellement produits sur ce site entrent notamment dans le processus des composants électroniques, ils sont tirés de la première fusion du minerai finlandais, auparavant calédonien, arrivant par bateau au port du Havre voisin.
Eramet se recentre aussi sur l'Indopacifique
Pour alimenter les futures gigafactories de batteries, le groupe français compte plutôt sur son propre projet de raffinerie de sels de cobalt et de nickel en partenariat avec le groupe chimique allemand BASF, à partir de ses gisements de nickel en Indonésie à Weda Bay.
Sibanye Stillwater, coté à Johannesbourg et New York, compte bien, lui, investir dans le site de Sandouville laissé par Eramet pour développer des activités en Europe liées aux batteries, à la suite d'un premier investissement en Finlande pour un projet d'hydroxide de lithium, annoncé en février.
"Sibanye-Stillwater a réalisé une étude d'opportunité afin de développer les installations de Sandouville vers la production de métaux spécifiques aux batteries électriques en parallèle de l'activité existante, permettant ainsi d'exploiter pleinement le potentiel du site" indiquait le groupe sud-africain le 30 juillet. En promettant de communiquer "ultérieurement" un "plan d'investissement détaillé".
1888-2016 une histoire entre la Nouvelle-Calédonie et la Normandie
La page sud-africaine qui s'ouvre referme définitivement celle de la Nouvelle-Calédonie. La SLN puis Eramet avaient disposé de deux usines au Havre. La plus ancienne avait fonctionné dès 1888, elle se trouvait à proximité de l'actuelle gare du Havre. La plus récente, inaugurée en 1978 à Sandouville, a fonctionné jusqu'en 2016 avec des produits calédoniens. Les concentrés de nickel à haute teneur ont toujours été fournis par la Société Le Nickel (SLN-Eramet) de Nouméa.
LME-NICKEL cours provisoire 05/11/2021 à 17:30 GMT 19.382 dollars/tonne +1,25 %