La mine "Fenix Nickel" à El Estor, et les sociétés CGN et Pronico qui l'exploitent, appartiennent à Solway, une multimationale dotée d'une holding à Malte, dirigée sur le terrain par des métallurgiste en majorité russes.
L'entreprise, l"Empresa" comme on l'appelle dans la région est située dans une région à l'écosystème fragile. Elle fournit près de 2000 emplois mais est accusée par ses détracteurs de pollution de l'environnement.
El Estor est une ville du centre du Guatemala, au bord du lac Izabal, le plus grand du pays. Elle borde une région à l'écosystème exceptionnel mais fragile. Il cotoie la principale mine de nickel d'Amérique centrale. Le minerai puis son alliage sont utilisés pour la fabrication d'acier inoxydable dans les usines du Mexique.
Pour le chef indigène Cristobal Pop, la mine de nickel d'El Estor, dans l'est du Guatemala, pollue le lac où sa communauté pêche pour se nourrir, ce que dément la compagnie minière qui l'exploite.
D’autres habitants accueillent la mine à bras ouverts car elle fournit des emplois. L'entreprise, qui revendique près de 2.000 employés, "ne fait pas de mal à la commune, elle permet de la développer", estime ainsi Abelardo Xol, un professeur.
Samedi dernier, une manifestation contre la Compagnie guatémaltèque de nickel (CGN), filiale de la société suisse Solway Investment Group, a été dispersée violemment par les forces de l'ordre. Les manifestants bloquaient depuis près de trois semaines l'accès des camions à la mine.
Quatre policiers ont été blessés par balles. Dans la foulée, le gouvernement du président Alejandro Giammattei a suspendu pour un mois le droit de manifester dans la zone, un couvre-feu est en vigueur et les forces de l'ordre patrouillent dans les rues.
Les manifestants ont dénoncé une mesure d'intimidation et la criminalisation de leur lutte. Cristobal, lui, est inquiet. "J'ai quatre enfants et il vont subir les conséquences" de l'exploitation minière, explique à l'AFP ce pêcheur artisanal de 44 ans, membre de la communauté locale.
Il assure que lorsqu'il était adolescent, les poissons étaient abondants dans le lac de Izabal, sur la rive duquel se dresse El Estor. Et affirme que leur nombre a diminué depuis l'entrée en activité de la mine en 2014, pointant du doigt une installation industrielle située sur les rives du lac, qui mettrait en péril les sources d'eau souterraines.
Le pêcheur rappelle qu'en 2017 une large nappe rouge était apparue sur la surface du lac. Lui et ses collègues avaient mis en cause la mine et organisé des manifestations.
Lors de la récente mobilisation, les habitants de la zone ont accusé le complexe industriel de poursuivre son activité alors que la Cour suprême a ordonné en 2020 sa suspension.
La plus haute juridiction du pays a donné raison aux habitants indigènes qui dénonçaient l'absence de consultation préalable avec la population avant l'obtention de la concession.
Au siège de la mine, à 6 km de là, son directeur, Dmitry Kudryakov, rejette les accusations de pollution qu'il qualifie de "spéculations" d'un "petit groupe" d'opposants qui ne représente pas, selon lui, les habitants d'El Estor.
L'entrepreneur assure à l'AFP que la société respecte les règles internationales en matière de protection de l'environnement. Selon lui, la nappe rouge de 2017 est la conséquence d'une pollution du fleuve Polochic, en amont.
M. Kudryakov affirme que la décision de justice ordonnant l'arrêt de l'activité minière ne concerne qu'un permis d'extraction de matériaux situé à flanc de montagne et que cette activité a été interrompue en février.
Ce que confirme le gouvernement: "l'usine de traitement et les autres droits miniers (...) ne sont pas liés à la décision" de la Cour suprême. "Actuellement, son fonctionnement est en vigueur et est considéré comme conforme à la loi", a-t-il fait savoir dimanche.
Emplois contre environnement, l'ambiance est tendue. Les pratiques opaques de l'industrie minière au Guatemala ont été rapportées par le journal Le Monde et 29 autres médias internationaux.