Nouvelle-Calédonie : "Ces émeutes vont faire beaucoup de victimes collatérales", craint une famille après la mort d’un proche, diabétique

A Dumbéa-sur-mer, le blocage des accès a perduré durant plusieurs jours.
Alors qu’on déplore au moins six morts par arme à feu, depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le bilan pourrait être encore plus lourd. En raison des blocages, beaucoup de patients ne peuvent pas rejoindre les centres médicaux. Dans le Grand Nouméa, un homme de 40 ans a été retrouvé mort chez lui, mercredi soir. Il n’a pas pu être dialysé à temps. Sa famille a accepté de témoigner.

Avec six morts en sept jours, le bilan des violences qui secouent la Nouvelle-Calédonie s’avère déjà très lourd. Mais il pourrait être bien plus important encore, compte tenu de la situation sanitaire très critique du pays. Mercredi 15 mai, un habitant du Grand Nouméa, souffrant de diabète, a été découvert mort dans son lit par son voisin, qui lui rendait visite chaque soir. "Une ambulance venait le chercher tous les jours pour faire sa dialyse à Dumbéa. Mais depuis le début des émeutes, aucune n’a pu venir dans son quartier à cause des barrages", confie sa nièce.

Une chambre en guise de morgue

C’est ce même voisin qui a prévenu la famille. "Heureusement qu’il était là sinon, on aurait découvert le corps de notre oncle, une fois les barrages levés seulement", poursuit la jeune femme, qui ne cache pas sa colère. Le défunt est resté à son domicile pendant deux journées, entouré de sa famille. Celle-ci a tenté bien difficilement de préserver l’intégrité de sa dépouille, dans une chambre, à l’aide de la climatisation. Car pendant ces deux jours, ni les pompiers, ni le Samu, ni même un médecin légiste n’ont pu venir chercher son corps pour l’examiner.

Un traumatisme pour toute la famille

Ce sont finalement les pompes funèbres d’une commune voisine qui sont venues le chercher, et l’ont transporté jusqu’à une chambre funéraire. Sa famille se demande quand pourra avoir lieu la veillée. Car au cimetière du 5e km, à Nouméa, "on nous a dit que la morgue est déjà saturée", rapporte la jeune femme. Les proches du défunt se disent traumatisés par ce drame. "Ces émeutes vont faire beaucoup de victimes collatérales, notamment chez les personnes malades", alerte la nièce du défunt.  

En dehors du décompte officiel

Juste après le début des violences, une femme enceinte de Boulouparis perdait son bébé faute de pouvoir se rendre à l’hôpital. Autre victime, non sanitaire cette fois, un motard a perdu la vie vendredi 17 mai, sur la voie de dégagement ouest, du côté de la Vallée-du-Tir, à Nouméa. Sa moto a percuté de plein fouet une épave de voiture située au beau milieu de la chaussée. Des morts qui ne sont pas comptabilisées par les autorités dans le bilan officiel des victimes de ces émeutes.