Un Noël plus sombre que d'habitude. Les maisons chargées de lumières qui s'offrent à voir aux Calédoniens s'annoncent moins nombreuses, cette année. Après des mois de troubles, vu la crise actuelle, et une insécurité qui persiste par endroits, même les passionnés n'ont pas le cœur et l'esprit à ça.
La "difficile décision" de la rue Romains
À Dumbéa, le Refuge du père Noël a annoncé fin novembre qu'il n'y aurait pas les centaines de décorations et les animations habituelles dans cette habitation de Koutio, très fréquentée chaque année. Lu sur la page Facebook du Refuge, qui exerce sa magie depuis plus de vingt ans : "Après concertation avec l'ensemble des participants des illuminations de Noël de la rue Jules-Romains, nous avons à l'unanimité pris la difficile décision de ne pas décorer et illuminer nos maisons pour ce Noël 2024.".
"Risques" et "respect"
Pourquoi ? "En raison de la triste situation dans laquelle se trouve notre Caillou, des risques pour la sécurité des visiteurs, et par respect pour celles et ceux qui ont perdu leur travail, leurs biens, leur maison, leur société." Le quartier et ses habitants ont été très marqués par les émeutes. Encore aujourd'hui, des troubles y perdurent, comme des départs de feu récurrents.
Pas de gaieté de cœur
À quelques pâtés de maisons, la famille qui se fait d'habitude une joie d'attirer son prochain, rue de la Sarcelle, a préféré passer son tour, elle aussi. "Suite aux émeutes qu'il y a eues et aux circonstances actuelles, nous avons pris la décision de ne rien faire cette année", résume une de ses membres, avec tristesse. Voilà une trentaine d'années que les amoureux de Noël trouvent à cet endroit des décors scintillants et des guirlandes de lumières.
Pas de village animé ni de clins d'œil à découvrir, non plus, à l'adresse bien connue située dans un virage au col de Tonghoué, encore à Dumbéa. Et "franchement, ça m'embête", lance le propriétaire.
Réticences et hésitations
Dans le Sud de Nouméa, l'endroit le plus évident pour s'extasier sur les illuminations de particuliers reste Le Jardin du père Noël, ouvert chaque année depuis trois décennies, à l'Anse-Vata. Mais là encore, le couple qui trouve d'ordinaire son bonheur à transformer la demeure en régal pour les yeux hésite franchement à franchir le pas cette année. "Nous n'avons pas encore décidé, on n'est pas du tout sûrs", glissait madame à la fin novembre.
Certaines maintiennent envers et contre tout
Il est toutefois des maisons de Noël qui se maintiennent. Au Vallon-Dore, malgré toutes les contraintes et la masse de travail que cela représente, Anne-Marie résiste. "Je maintiens parce que personne ne le fait", martèle la Mondorienne qui métamorphose sa maison et son jardin depuis une vingtaine d'années. "Les enfants ont besoin d'avoir un Noël."