Les forces de l'ordre n'ont pas chômé pendant la nuit de lundi à mardi dans le Grand Nouméa. Mobilisés sur de nombreux points, policiers et gendarmes déplorent trente-cinq blessés dans leurs rangs, principalement pour des blessures aux yeux. Ils ont été transférés au médipôle. Quatre escadrons de gendarmerie mobile ont notamment été déployés à Saint-Louis, ainsi que l'ensemble des équipes du GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale). 700 policiers sont également engagés sur le terrain, rien que sur Nouméa.
Quarante-huit personnes ont été interpellées. Louis Le Franc, le haussaire, a évoqué ce mardi matin en conférence de presse "des destructions de commerces, de pharmacies, de domiciles et des actions d’exfiltration d’habitants de leur domicile, qui ont ensuite été incendiés."
Réponse forte
Une situation qui appelle une réponse forte de l'Etat et le haussaire a martelé un message de fermeté. Un couvre-feu est décrété sur Nouméa et le Grand Nouméa à partir de ce mardi 18 heures jusqu'à mercredi 5 heures. Il pourra être reconduit si nécessaire. Des renforts sont attendus sur le territoire, sans préciser sous quel délai.
Le haut-commissaire a eu des mots forts : "Quand on court vers l'abîme, il est toujours temps de s'arrêter, mais là on y va tout droit."
Le risque c'est de retrouver une période que certains ont connue, celles des années 84-88.
Louis Le Franc, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie.
Alors que des affrontements entre habitants et manifestants sont signalés à Tuband, faisant planer le spectre d'un conflit entre civils, le représentant de l'Etat en appelle au calme : "Le risque c'est de retrouver une période que certains ont connue, celles des années 84-88. On n’en est pas loin, il faut que chacun prenne ses responsabilités."
Louis Le Franc a interpellé les responsables des formations indépendantistes, les appelant à "faire tout ce qui est en leur pouvoir pour demander aux jeunes qui sèment la terreur sur le Grand Nouméa d’arrêter immédiatement ce qui est engagé depuis hier. Si cela ne prend pas cette forme, compte tenu de la violence extrême et de l’emploi d’armes à feu, il y aura des morts. Je demande à ces responsables d’utiliser toute l’influence qui est la leur pour mettre un terme à ce qui est constaté depuis quarante-huit heures."
La CCAT pointée du doigt
Au même moment, interrogé par nos confrères de Radio Djiido, Christian Téin, responsable de la CCAT, appelait "les jeunes à lever le pied. La CCAT n'a jamais appelé à piller les magasins", a déclaré le responsable indépendantiste. Pour lui, l'Etat, "qui a fait la sourde oreille malgré des mois de mobilisation" porte une responsabilité dans ce qui s'est passé dans la nuit. Il accuse notamment "la droite", et en particulier "le jeune Metzdorf et Sonia Backès" d'avoir fait "de la provocation".
Le haussaire a néanmoins précisé qu'il considérait le leader de la CCAT comme "responsable de tout ce qui se passe en ce moment". Et n'exclut pas de saisir le procureur pour engager des poursuites à son encontre.