Les entreprises calédoniennes peinent à recruter

Yann Lucien, président de la CPME-NC, et Danièle Brault-Delahaie, du Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie.
Cumuler un taux de chômage élevé et un manque de main d’œuvre, c’est possible. C’est d’ailleurs le cas, depuis de plus mois, en Métropole. La Nouvelle-Calédonie n'est pas épargnée par ce phénomène. Les organisations patronales constatent également un début de pénurie de main d’œuvre.

Arriver à recruter dans tous les secteurs et dans tous les types de métiers est un challenge pour toutes les économies insulaires. Ce défi est aggravé, en Nouvelle-Calédonie, par l’instabilité politique et la fermeture des frontières due à la crise Covid. Le constat est là pour Yann Lucien, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME-NC).

Selon lui, "Certaines compétences ont tout simplement disparu. C'est un manque de managers, de techniciens ou encore de personnels compétents. Beaucoup sont partis". Il cite l'exemple de l'aviation ou du transport en général, dans lesquels "des gens étaient arrêtés pendant pratiquement deux ans, et beaucoup d'entre eux se sont reconvertis et sont devenus chefs d'entreprises à leur tour ou ont totalement changé de secteur."

Une concurrence international

Problème : cette difficulté à recruter est partagée par de très nombreux pays. Cela abouti à une concurrence internationale pour les profils les plus recherchés. Or, à ce petit jeu, la Nouvelle-Calédonie n’est pas la mieux placée.

Tant que le territoire ne sera pas assez attractif pour faire venir des compétences extérieures, nous aurons des difficultés de recrutement. D'autres pays sont beaucoup plus attractifs que le nôtre

Yann Lucien, président de la CPME-NC

Un manque d’attractivité que déplore également le Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie (ex-Medef), pour qui ces problèmes de recrutement pénaliseront forcément l'activité économique, en cas de reprise. La situation interpelle Danièle Brault-Delahaie, membre du comité exécutif de l'organisation patronale.

"Elle pénalise déjà, actuellement, les sociétés qui ont du mal à produire correctement. Le fait d'être obligé de se bagarrer contre d'autres entreprises, sur le même vivier, pour avoir une compétence, profite au salarié, certes, car cela oblige l'entreprise à augmenter le coût de sa masse salariale. Mais forcément, celle-ci sera moins compétitive et aura un grave problème de performance et de fonctionnement", développe-t-il.

Le secteur privé emploie aujourd’hui 77 000 personnes selon l’Institut de la statistique et des études économiques, soit 1 200 travailleurs de moins qu’avant la crise Covid.

Danièle Brault-Delahaie, membre du comité exécutif du Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie, au micro de Charlotte Mannevy :

Recrutement problèmes Danièle Brault-Delahaie