Table ronde sur les métiers de l'événementiel, mis à mal par la crise sanitaire. Ligne directe fait le point avec l'association AME qui regroupe des entrepreneurs du milieu. Les chefs d'entreprise se voient privés d'artistes internationaux et de manifestations culturelles interdites pour le moment.
L'AME
Une association a été montée il y a un an lors du premier confinement par plusieurs professionnels du secteur de l'événementiel : l'Association des Métiers de l'événementiel. Audrey Chouieur, gérante d'"Audrey clé en mains", est la présidente de l'AME. Elle explique que l'idée était d’être reconnu comme secteur de métiers sinistrés. Il existe beaucoup de métiers différents* qui gravitent dans ce domaine. Se réunir était important pour porter d'une seule voix leurs problèmes.
Les témoignages
Deux membres de l'association témoignent des difficultés qu'ils n'ont cessé de rencontrer depuis mars 2020 : Philippe de la société "On air" et Aurélie de "la Fée Lilie". Ainsi ils n'ont pu reprendre le travail qu'entre juin et juillet 2020. "Entre le moment où l’on a pu ouvrir et le temps de mettre en place les événements, il a fallu du temps car les autorisations de rouvrir les salles, les restaurants, les bars n'ont pas été effectives de suite" intervient Audrey.
Ils ont dû subir beaucoup de reports et d'annulations en plus des crises politiques de fin d'année et de la météo pluvieuse. "On ne peut pas dire que l’on a pu se relever" racontent Philippe et Aurélie.
Philippe affirme avoir seulement fait 40% de son chiffre d’affaires habituel en 2020. Les aides n’ont pas comblé les charges. Etant dans l'organisation technique de concerts, il a perdu les concerts internationaux. Par exemple, Philippe était directeur technique sur les Francofolies qui ont dû être annulées. "On essaye de se diversifier au maximum mais les événements locaux ne suffisent pas."
Concrètement il s'est agi pour ces entrepreneurs de baisser de moitié leurs salaires et d'utiliser leur trésorerie qu'ils n'ont pas pu renouveller. Le métier étant saisonnier quand l'activité est généralement au plus bas, c'est-à-dire en ce moment, il leur est impossible de faire face à leurs charges sociales et fiscales. "Le confinement tombe au moment où l’activité est au plus bas on est pris à la gorge", s'indigne Philippe.
Vient au tour d'Aurélie d'expliquer comment après 13 ans d'activités, elle a dû tout simplement mettre la clé sous la porte. Elle confie avec émotion que c’est une activité qui a été longue à relancer en 2020. "Beaucoup d’événements ont été annulés. On a eu sur plusieurs mois aucun chiffre d’affaires quand on a des charges, on ne peut plus y faire face. Salaire, local, eau, électricité... Même si on reporte mais avec quoi paye-t-on si l’activité ne reprend pas à 100% ? Il a été impossible de payer tout ce qui a été reporté, il a fallu que j’arrête. Je n’arrivais plus à payer mes fournisseurs, etc." "Et c’est une chaine où l'on fait travailler de nombreux prestataires" renchérit Audrey.
Quelles solutions ?
L'association espère que leurs métiers soient compris comme un secteur particulier, à l'instar du tourisme pour que les aides soient proportionnelles à leurs besoins et leurs charges. Cependant c'est un domaine considéré comme moins prioritaire - en partie à cause de l'état de l’économie du territoire - selon les entrepreneurs interviewés.
L'année 2021 s'annonce morose également. Philippe avoue que son planning est vide sur le restant de l’année, il ne reste que quelques spectacles d’écoles de danse par exemple. "Beaucoup d’entreprises n’ont pas fait de bénéfices et du coup n’organisent par d’événements."
L'AME demande aux institutions le maintien des événement budgétisés en 2021. Une série de mesures qu'ils listent dans un communiqué de presse.
Le communiqué de presse de l'AME
*liste des métiers du secteur : Organisateurs; décorateurs; ingénieurs sons, lumières, structures; cadreurs; réalisateurs; directeur technique/ artistique; régisseurs; traiteurs événementiels; photographes et photobooths; caméramans; DJ; forains; artistes (danseurs, groupes musique, etc); artificiers; promoteurs de spectacle; billetterie de spectacle; illustrateurs graphiques; production visuelle et sonore; loueurs (mobilier événementiel, matériels techniques, décors événementiels); hôtesses d’accueil; loueurs de structures accueillantes; coordinateur d’événement...