PORTRAIT. Gino Pitarch, un scénariste calédonien prometteur animé par ses origines

La remise du prix du scénario à Gino Pitarch pour son long-métrage "On y vit en colère".
Originaire de Nouméa, Gino Pitarch commence à faire sa place dans le cinéma hexagonal. Il a remporté le prix du scénario au festival international de Valence pour son projet de long-métrage sur la jeunesse en Nouvelle-Calédonie. Sa présentation a marqué Valérie Donzelli, l'actuelle présidente du festival du cinéma à La Foa.

Siwane est un jeune Kanak de 17 ans. Issu des quartiers pauvres de Nouvelle- Calédonie, l’adolescent ignore tout de sa culture et rêve de quitter l’archipel où il s’imagine une vie pleine de promesses, loin de l’ennui. L’école n’étant pas son point fort et l’argent ne coulant pas de source, Siwane doit trouver d’autres moyens pour réaliser son rêve. Quand son cousin Joseph lui propose de le suivre dans un cambriolage, il entrevoit l’opportunité d’arriver à ses fins... C'est ainsi que commence le scénario du projet de long-métrage On y vit en colère imaginé par Gino Pitarch, un Calédonien qui vit aujourd'hui à Paris et rêve de se faire un nom dans le cinéma. Son "pitch" pour son scénario a marqué l'esprit de l'actrice, réalisatrice et productrice Valérie Donzelli lors du festival international des scénaristes et compositeurs de Valence, en juin. 

L'héritage

"On est obligé d’être assez pédagogue quand on parle de Nouvelle-Calédonie", explique le réalisateur. "De donner tout une partie de contextualisation que les autres n’ont pas. J'avais envie de montrer que j'étais de là-bas, de représenter (la Nouvelle-Calédonie), de parler de sa complexité."Pour présenter son scénario, il a incarné son personnage, en dansant par exemple. "Je suis de Nouméa, je suis métisse océanien. Dans l'Hexagone, le métissage est assez réducteur alors qu'en Océanie, on a tous une part de métissage." 

Son projet de long-métrage est inspiré de sa jeunesse en Nouvelle-Calédonie et de tout ceux qui l'entouraient. "En 2018, avec l’arrivée du premier référendum d'autodermination, j’ai commencé à écrire sur mon pays, j’étais loin et je voyais des vieux démons revenir, j'ai eu la nécessité d’écrire et de parler de la question de l'héritage !"

Gino Pitarch a reçu des mains de Valérie Donzelli le premier prix pour son scénario.

Parcours

C'est à 22 ans que Gino Pitarch a quitté la Nouvelle-Calédonie, après avoir passé toute sa vie à Nouméa, il intègre alors une école de théâtre à Montpellier. Après un passage à Rennes où il retrouve les joies du métier de comédien, il décide de tenter sa chance à Paris. " Comme tout Calédonien, je croyais qu'on m'attendait mais en fait, personne ne m'attendait", rigole-t-il. En 2017, il réalise son premier court-métrage : Le faussaire et gagne un prix au festival de La Foa.

"La naissance d'un guerrier"

" J’ai commencé à essayer de démarcher un peu tout seul pour un nouveau court-métrage. J'ai pris conscience de mes lacunes", raconte l'homme. Son projet, finalement, prend forme avec Takami productions et obtient l’aide de la ville de Paris et l’aide à la résidence du CNC. "J’ai pris les choses à coeur, j’ai travaillé sur "La naissance d’un guerrier", ça a mis 3 ans, ça m’a tout appris sur la fabrication d’un film, la réalité, sur l’écriture, la réécriture"... Il trouve des comédiens qui, pour la plupart, viennent  de Lifou et vivent en métropole. 

Son court métrage est visible sur France télévisions jusqu'à la fin de l'année  et a obtenu deux prix au festival du cinéma de La Foa en 2022.

Désormais, avec son projet de long-métrage et le prix gagné à Valence, il entre dans une phase concrète d'écriture et de la recherche d'une production. Le rêve de cinéma de Gino Pitarch est en train de se réaliser.