Incendie de la plaine de Prony : quelles conséquences pour l'environnement ?

L'incendie de la plaine de Prony, au Mont-Dore le 3 janvier 2025.
L'incendie qui ravage la plaine de Prony au Mont-Dore touche aussi les espèces endémiques du Sud. Dominique Garnier, membre de l'Association Endemia, et Marc Oremus, responsable du bureau WWF France en Nouvelle-Calédonie, alertent sur les conséquences que pourraient avoir cet incendie sur la faune et la flore.

Depuis le mercredi 1er janvier, un incendie ravage la plaine de Prony au Mont-Dore. À ce jour, 1 000 hectares seraient touchés d'après la Sécurité Civile. Dominique Garnier, membre de l'Association Endemia, revient sur le risque que peut représenter cet incendie pour les espèces endémiques. En effet, la zone du Sud concentre de nombreuses espèces endémiques de la faune et de la flore.

80% de taux d'endémisme

"Sur ces zones-là, on a un endémisme important de l'ordre de 80%, une autre particularité de la Nouvelle-Calédonie, c'est d'avoir du micro-endémisme. C'est le cas de certaines espèces du Sud. On a, par exemple, Hibbertia bouletii, un petit arbuste à fleurs jaunes qui se trouve dans la zone des Creek Pernod, vers la confluence avec la Rivière des Lacs. On ne peut le voir nulle part ailleurs qu'à cet endroit-là. Il y a d'autres espèces qui sont spécifiques du Grand Sud, comme la Grevillea Mondorensis", détaille Dominique Garnier.

La zone du Pic du Pin, réserve naturelle du grand Sud, compte de nombreuses espèces endémiques. Elle est interdite d'accès à cause de l'incendie qui sévit dans la zone. "Cela a été classé dans les années 70, je pense. C'est une réserve naturelle de la province sud. Au même titre que le Pic du grand Kaori. Ce sont des sommets avec des forêts pas encore très préservées."

1 500 terrains de football

Certaines espèces pourraient disparaître avec l'incendie de la plaine de Prony. “Il n’y a pas très longtemps à Nouméa et sur le Pic aux Chèvres, on a failli perdre deux espèces sur un petit incendie. Quand on parle de 1 000 hectares brûlés, on parle déjà d’un mégafeu. Cela représente à peu près 1 500 terrains de football. C’est colossal. 1 000 hectares brûlés peuvent éradiquer plusieurs espèces endémiques à la Nouvelle-Calédonie, sans problème", alerte Marc Oremus de WWF France.

Des effets sur la biodiversité

Les conséquences sur la biodiversité sont également importantes. "Lorsqu'un feu passe et détruit une forêt, celle-ci n'est plus en capacité de jouer son rôle sur la ressource en eau. En Nouvelle-Calédonie, 94% des périmètres de captages d’eau sont dégradés particulièrement par des feux. Si cela se répète chaque année, malheureusement, il en ressort une eau du robinet de moins bonne qualité". De plus, "les cours d'eau peuvent aussi être impactés par les forêts. C'est ainsi que des sédiments vont se retrouver dans le lagon. On a vraiment un impact de haut en bas qui peut se ressentir sur les eaux du lagon et les ressources en poisson", déplore le responsable du bureau WWF France en Nouvelle-Calédonie. "On a également un phénomène d'érosion qui peut s'amplifier puisque le sol n'est plus protégé par la végétation", ajoute Dominique Garnier.

La régénération passive d'une forêt primaire ne se fait pas rapidement. Cela peut prendre plusieurs siècles d'après Marc Oremus. "La zone de 1000 hectares n’est pas une zone que l’on peut régénérer facilement", dit-il.

20 000 hectares brûlés en 2024

Après trois ans de La Niña, où le nombre de feux était moindre en raison d'un climat humide, la Nouvelle-Calédonie est à nouveau dans une situation de sécheresse. "À peu près 20 000 hectares ont brûlé en Nouvelle-Calédonie en 2024".

Plus de moyen d'interventions

Face à ce constat, Marc Oremus préconise une augmentation des moyens d'intervention. "Au cours des dernières années, on a perdu deux hélicoptères bombardiers d’eau, les Bell australiens permettant une intervention aérienne plus importante".