A tout juste trente ans, Joseph Xulue a déjà un CV imposant. Né d’un père kanak de la tribu de Hunetë, à Lifou, et d’une mère samoane, il vit depuis ses six ans en Nouvelle-Zélande. Pays où il a fait la plus grande partie de ses études. Un diplôme de commerce mais aussi de droit à l’université d’Auckland. Le tout en anglais, la langue qui lui est la plus familière aujourd’hui. "Après cela, j’ai exercé comme avocat pénaliste, raconte-t-il. J’ai été procureur à Auckland, pendant presque quatre ans. Et j’ai travaillé pour ce qu’on appelle la Commission royale d’enquête sur les abus qui ont eu lieu dans les organisations religieuses en Nouvelle-Zélande, de 1950 à nos jours."
Bourse
Le jeune homme voit plus loin. L’an dernier, il décroche la très prisée bourse Fulbright. Elle lui ouvre les portes d’une des meilleures universités au monde, la Harvard Law school, aux Etats-Unis, dans la banlieue de Boston. "La Harvard Law school, c’est un programme qui vise principalement les étudiants internationaux. C’est assez difficile d’y entrer. Donc les gens qui font ce master de droit sont des personnes qui ont déjà une expérience professionnelle. La plupart ont des rôles de leader dans leur pays ou au sein de leur communauté. Certains sont juges, procureurs... certains ont eu la bourse Fulbright comme moi."
Moment
Là-bas, Joseph Xulue approfondit le droit et s’intéresse plus particulièrement aux peuples autochtones. Un diplôme décroché début juin, en présence de ses proches. “J’étais fier de représenter les Kanak. Mais aussi les peuples autochtones du Pacifique Sud. Ils ne sont pas nombreux, ici. J’étais particulièrement fier d’avoir ma femme, avec moi. Quand je suis monté sur scène, et que j’ai porté le drapeau kanak, ce fut sûrement l’un des moments où j’ai été le plus fier de ma vie.”
Et après ?
Joseph Xulue est rentré il y a peu à Auckland, où il espère fonder une famille. Fort de ses nouveaux apprentissages, il aimerait désormais trouver un poste qui lui permette de conjuguer ses deux spécialités, le droit pénal et le commerce. Mais ne ferme aucune porte pour l’avenir. “S’il y a des opportunités pour moi de faire du conseil ou de la recherche... Tout ce qui pourrait avoir un lien avec des sujets qui concernent le peuple kanak… S’il y a des possibilités pour moi d’apporter ma contribution dans ce sens, dans les prochaines années, ça me plairait beaucoup." Un possible retour au pays qu’il envisage à moyen terme. Lui qui se dit toujours très attaché à ses racines, même vingt-quatre ans après avoir quitté Nouméa.