Pour la deuxième fois en 38 ans, pas de défilé du 1er mai

La marche de l'USTKE pour célébrer la fête des travailleurs n'a pas eu lieu en raison des recommandations liées au Covid-19. Si la manifestation ne peut être organisée, sa symbolique demeure. Ces dix dernières années, elle a été l'occasion de véhiculer de nombreux messages sociaux et politiques. 
La première marche de l’USTKE est organisée le 1er mai 1982 entre le centre-ville de Nouméa et la plage de Magenta. Ils sont une cinquantaine d’adhérents à participer pour « représenter la reconnaissance des travailleurs de Kanaky » dixit son fondateur, Louis Kotra Uregei. Un devoir de mémoire pour commémorer ceux qui se sont battus pour que d’autres profitent, aujourd’hui, des congés payés et de la couverture sociale. 28 ans plus tard, en 2010, ils ne sont plus des dizaines, mais des centaines à défiler. L’USTKE annonce son retour au dialogue social, alors que la CNTP dissidente de Gérard Jodar, est réunie à Nouville. C’est la première fois que deux syndicats célèbrent le 1er mai en Nouvelle-Calédonie.
 

Un défilé politique 

La marche des travailleurs aura toujours été sociale, mais aussi politique. En 2011, le collectif du drapeau du pays Kanaky se joint à l’USTKE. Et le président de l’Union Calédonienne, Charles Pidjot est dans le cortège dont le message principal porte sur le pouvoir d’achat. 
 

« C’est une marche pour le pays, le drapeau, sa population, sa jeunesse (…) On veut construire ensemble, on est dans un même mouvement ».


Non loin de lui, Sylvain Pabouty, élu de la province Sud au sein du groupe FLNKS ne dit pas autre chose : « derrière le drapeau, derrière un projet de constitution, il y a tout un combat pour faire reculer les inégalités sociales, se battre contre la précarité. Il n’y a pas d’incompatibilité ».
 

« Kanaky 2014, c’est clair »

Dans les discours du 1er mai, l’avenir de la Nouvelle-Calédonie est toujours évoqué. « Kanaky 2014, c’est clair, martèle Louis Kotra Uregeï dans son intervention en 2012. On va négocier quoi ? La négociation est là. On a commencé déjà il y a des décennies. On est arrivé au bout  ». Ces dernières années, l’inscription automatique des kanaks sur les listes électorales en vue du référendum a été évoquée.
 

Des inégalités dénoncées par l'USTKE 

Les dix dernières années de marche ont été l’occasion de défendre l’application de l’accord de Nouméa, la citoyenneté, l’emploi local ou encore la cherté de vie. De demander un observatoire du rééquilibrage. De dénoncer le manque de formation et les difficultés d’accès à des postes à responsabilité pour les jeunes kanaks diplômés. En 2018, Rock Haocas, membre de la cellule communication de l’USTKE, constatait « des freins au niveau de l’accès aux formations, en termes d’insertion, et de promotions internes, avec la difficulté d’évolution des kanaks à partir d’un certain niveau vers des postes à responsabilités ».
 

Pas de défilé, mais des revendications 

Cette année, en raison du Covid-19, pas de rassemblement autorisé. Reste des requêtes : que les mesures d’accompagnement des plus impactés par la crise du Covid soient pérennisées le plus longtemps possible. Et la mise en place d’un fonds souverain, pour la prise en charge des victimes des catastrophes naturelles. 

« En ce jour du 1er Mai à l'heure où habituellement nous étions dans la rue pour commémorer les sacrifices de nos aînés pour la conquête des droits des travailleurs, je voudrais vous souhaiter à tous une bonne fête dans le souvenir de nos commémorations et de toutes les luttes menées jusque-là. Nous avions marché depuis le 1er Mai 1982 avec une interruption due aux événements et aujourd'hui nous sommes contraints de partager cette commémoration par la pensée solidaire et fraternelle », a écrit par voie de sms ce vendredi, le Président Fondateur de l'USTKE, Président du Collège Honoraire de l'USTKE et Président du Parti Travailliste. 

Le récit de Martin Charmasson 
Louis Kotra Uregei est l'invité du JT, ce vendredi 1er mai. Il répondra aux questions d'Yvan Avril.