Précarité menstruelle : « du tabou à l’émancipation »

C'est le nom de ce projet 100% féminin porté par l’Ecole de la réussite, la Province Sud et la mission à la condition féminine, pour les stagiaires de l’école. Objectif : lutter contre la précarité menstruelle chez les jeunes femmes. 
Des protections hygiéniques et réutilisables, réunies dans une pochette discrète à glisser dans son sac. C’est le projet porté par l’Ecole de la réussite à Nouméa et présenté à des jeunes femmes en formation, âgées d’une vingtaine d’années.
 

« Ça nous concerne toutes »

Les objectifs de ce kit féminin sont multiples : lutter contre la précarité menstruelle et permettre à toutes les femmes, quelles que soient leurs cultures, de s’accepter et d’être fière de leur corps.
« On dira qu’on n’est pas toutes les mêmes, on ne vit pas toutes dans la même culture mais c’est vrai qu’on est toutes des filles, on a toutes nos affaires mais parfois c’est la culture qui bloque ou qui fait que… Mais voilà, c’est un sujet tabou pour certains et pour d’autres non » explique Elvina, prête à utiliser le kit.
« Les menstruations ça nous concerne, du coup c’était très intéressant et surtout très informant parce que du coup, on apprend aussi quelque chose, souvent on se pose des questions mais on se dit pas » renchérit Arlette. 
L’Ecole de la réussite propose des parcours individualisés et gratuits pour toutes celles et ceux qui ont décroché du système scolaire et social. 
C’est à travers cette rencontre intimiste 100% féminine, avec des associations, que la parole se libère. 
 

Un frein dans le monde professionnel

Les menstruations et l’hygiène corporelle seraient encore un sujet difficile à concilier avec le milieu professionnel.
« On a reçu jusqu’à présent plus de 800 femmes dans cette école et nous avons toujours été confrontés à quelque chose de naturel et un gros frein pour nos stagiaires. C’était effectivement leurs règles qui viennent régulièrement » explique Nathalie Tirebaque, la directrice de l’Ecole de la réussite. « Ces jeunes femmes étaient souvent obligées de quitter leur stage, obligées de rentrer chez elles se changer. Elles ne savaient pas trop comment ça marchait et surtout financièrement, c’était une grande inégalité financière avec les hommes que nous recevions. » 
Jusqu’en décembre 2020, une centaine de kits sera distribuée à toutes les nouvelles jeunes femmes qui intégreront l’école.
Le projet a obtenu une enveloppe de 400 000 francs CFP de la part de la province Sud, pour aider à la fabrication de ces kits pour toutes. 
Le reportage de Lizzie Carboni et Claude Lindor 
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