Premier scrutin présidentiel à Singapour depuis plus de dix ans

La présidente sortante Halimah Yacob le 23 août, en compagnie des conseillers présidentiels, anciens ou actuels.
Les Singapouriens se rendent aux urnes vendredi 1er septembre pour la première élection présidentielle de la ville-Etat depuis plus d'une décennie. Un vote scruté comme une indication du soutien au parti au pouvoir, après une rare série de scandales politiques.

Bien que la fonction de président soit en grande partie cérémonielle, le détenteur supervise les réserves financières de Singapour, peut mettre son veto à certaines mesures et approuve les enquêtes anti-corruption. La présidente sortante Halimah Yacob s'était présentée sans adversaire pour son mandat de six ans en 2017. 

Le gouvernement de cette riche cité-Etat est dirigé par le Premier ministre, actuellement Lee Hsien Loong, du Parti d'action populaire (PAP), au pouvoir depuis 1959. Le chef de l'Etat, lui, ne doit appartenir à aucun parti politique.

Les observateurs estiment que le vote pourrait indiquer le niveau de soutien au PAP avant les élections générales prévues pour 2025, ou le mécontentement après de récents scandales : la démission du ministre des Transports Subramaniam Iswahan dans le cadre d'une enquête pour corruption et celle de deux parlementaires à cause d'une liaison jugée "inappropriée".

L'ancien vice-Premier ministre favori

Pour le scrutin du 1er septembre, l'ancien vice-Premier ministre et chef de la banque centrale, Tharman Shanmugaratnam, 66 ans, est considéré comme le favori. Comme l'exige la loi, il a démissionné du Parti d'action populaire (PAP, au pouvoir) avant de se porter candidat. Cet économiste est perçu comme bénéficiant du soutien du gouvernement, et son indépendance a été mise en doute au cours de la campagne.

Un autre postulant est Ng Kok Song, 75 ans, qui était auparavant directeur des investissements chez GIC, l'un des plus grands fonds souverains au monde qui gère les réserves de change de Singapour. Le troisième et dernier candidat est l'homme d'affaires Tan Kin Lian, 75 ans, ancien directeur général du géant local de l'assurance NTUC Income, perdant lors de la présidentielle de 2011.

Risque de radiation pour les abstentionnistes

"On s'attend à une augmentation du nombre de votes de protestation en raison de l'instabilité du sentiment de la population à l'égard du gouvernement en place", a déclaré Mustafa Izzuddin, analyste politique du cabinet de conseil Solaris Strategies Singapore.

Singapour bénéficie de sa réputation d'intégrité gouvernementale pour attirer les investissements étrangers de façon massive et consolider sa position de place forte financière et commerciale. Le parti a connu en 2020 ses plus mauvais résultats électoraux, face à une opposition en progrès, mais conserve néanmoins les deux tiers des sièges au Parlement.

Le vote est obligatoire pour les plus de 2,7 millions de citoyens éligibles. Ceux qui ne votent pas sans raison valable risquent d'être radiés de la liste électorale.