Les châtiments corporels comme punition et outil d’éducation. Si la pratique a longtemps été la règle dans le monde kanak, les mentalités ont évolué, et les lois l’interdisent.
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Plusieurs commerces cambriolés, coffre fort du lycée des Iles volé puis brûlé… Lifou, jusque là épargnée, est le théâtre de nombreux actes d’incivilité. Et comme souvent, la majorité des auteurs sont des jeunes.
Institutions, collectivités, justice et coutumiers veulent prendre à bras le corps le problème de la délinquance juvénile.
Les coutumiers pratiquent depuis la nuit des temps le châtiment corporel pour éviter la récidive.
Faut-il maintenir ou pas cette sanction ? Sur l’île, les avis sont partagés.
« Ce n’est pas pour astiquer pour faire du mal, c’est un art. C’est pour le remettre dans le droit chemin » explique Cope Zeoula, président du conseil de l’aire Drehu.
La majorité des coutumiers de l’île partagent cet avis, à l’instar de Kapua Angajoxu, petit chef de Tingeting et de Saint-Paul, un fervent défenseur du châtiment corporel, « iwameucë » en langue Drehu.
« Ce qui est important, c’est de dire que nous devons tous ensemble assumer. Ce sont nos jeunes qui ont commis l’acte, mais c’est le résultat quand même d’une carence certaine de l’éducation dont nous sommes d’abord responsable et c’est pour çà que certains papas, certains grands frères ont dit : non, il ne faut pas astiquer nos jeunes, il faut revoir toute la question de l’éducation et notre part à nous de responsabilité ».
Une alternative au châtiment corporel, l’accompagnement de ces jeunes, le dédommagement du gérant du commerce cambriolé qui sera assumé par les adolescents eux-mêmes. Mais ça ne s’arrête pas là…
« Çà s’étalerait sur un an et demi voire deux ans, des contrats par ci, des contrats par là et régulièrement, il y a aussi une remise en question du rapport entre les papas, les mamans, les couples, et l’éducation » poursuit Célestin Kakue. « C’est plus cela qu’il faut recentrer, la place de l’éducation dans le système calédonien actuel ».
En revanche, Joredie, 33 ans, souhaite le maintien du châtiment corporel. Une pratique qui a été interdite dans sa tribu après la condamnation de son petit chef par la justice. Suite à cela, il a constaté une dégradation de la situation : « Les jeunes ils traînent le soir. Il y a eu des vols. Il y a eu des vols d’ignames chez nous dans nos champs. L’adultère aussi se fait un peu plus remarquer. Les poteaux électriques qui se font taguer, les panneaux qui se font enlever, il n’y a plus de respect. C’est comme si les jeunes n’ont plus cette peur de faire ces choses là ».
Quant à Célestin Kakue, il n’a pas d’avis tranché sur le sujet. « Moi je pense qu’on ne peut pas instituer ou "désinstituer" la trique. Çà fait partie de notre culture. L’astiquage a son sens pédagogique et même si ce n’est pas partagé par les nouveaux pédagogues, chacun a sa légitimité. Encore faut-il que les uns et les autres comprennent le sens des choses. Pour résumer, je dis que l’on astique les jeunes ou pas, s’ils ont compris ce qu’on a décidé pour eux, je pense qu’on aura gagné l’essentiel ».
Le châtiment corporel reste un sujet controversé. Mais tous, coutumiers et habitants sont unanimes sur un point : le meilleur outil de prévention contre la délinquance est l’éducation à la maison.
Rappelons que le droit français interdit totalement les châtiments corporels sur les enfants et adolescents, y compris la fessée depuis juillet 2019.
On reparlait déjà de l’astiquage dans ce reportage à Lifou de Philippe Kuntzmann en 2017
Institutions, collectivités, justice et coutumiers veulent prendre à bras le corps le problème de la délinquance juvénile.
Les coutumiers pratiquent depuis la nuit des temps le châtiment corporel pour éviter la récidive.
Faut-il maintenir ou pas cette sanction ? Sur l’île, les avis sont partagés.
C’est pour le remettre dans le droit chemin
« Ce n’est pas pour astiquer pour faire du mal, c’est un art. C’est pour le remettre dans le droit chemin » explique Cope Zeoula, président du conseil de l’aire Drehu.
La majorité des coutumiers de l’île partagent cet avis, à l’instar de Kapua Angajoxu, petit chef de Tingeting et de Saint-Paul, un fervent défenseur du châtiment corporel, « iwameucë » en langue Drehu.
L’éducation plutôt que la correction physique
Mais il y a quelques semaines, six jeunes de sa tribu mis en cause dans le cambriolage d’un magasin situé à Wanaham, ont échappé à cette sanction. Certains se sont opposés à la correction physique explique Célestin Kakue de la tribu de Tingeting.« Ce qui est important, c’est de dire que nous devons tous ensemble assumer. Ce sont nos jeunes qui ont commis l’acte, mais c’est le résultat quand même d’une carence certaine de l’éducation dont nous sommes d’abord responsable et c’est pour çà que certains papas, certains grands frères ont dit : non, il ne faut pas astiquer nos jeunes, il faut revoir toute la question de l’éducation et notre part à nous de responsabilité ».
Une alternative au châtiment corporel, l’accompagnement de ces jeunes, le dédommagement du gérant du commerce cambriolé qui sera assumé par les adolescents eux-mêmes. Mais ça ne s’arrête pas là…
Il faut revoir toute la question de l’éducation et notre part à nous de responsabilité
« Çà s’étalerait sur un an et demi voire deux ans, des contrats par ci, des contrats par là et régulièrement, il y a aussi une remise en question du rapport entre les papas, les mamans, les couples, et l’éducation » poursuit Célestin Kakue. « C’est plus cela qu’il faut recentrer, la place de l’éducation dans le système calédonien actuel ».
Des avis partagés
A Lifou, beaucoup ont été éduqués avec la trique, comme Marie. Pour la jeune trentenaire, de nos jours, la sanction physique n’est pas une solution : « Quand on m’astiquait, j’en tirais une leçon. Je sais que çà y est, je ne vais plus le faire parce que je risque de me faire encore astiquer. Mais maintenant, je vois que quand il y a des astiquages, l’action se reproduit encore, ils font encore plus de bêtises. Çà ne sert vraiment à rien ».En revanche, Joredie, 33 ans, souhaite le maintien du châtiment corporel. Une pratique qui a été interdite dans sa tribu après la condamnation de son petit chef par la justice. Suite à cela, il a constaté une dégradation de la situation : « Les jeunes ils traînent le soir. Il y a eu des vols. Il y a eu des vols d’ignames chez nous dans nos champs. L’adultère aussi se fait un peu plus remarquer. Les poteaux électriques qui se font taguer, les panneaux qui se font enlever, il n’y a plus de respect. C’est comme si les jeunes n’ont plus cette peur de faire ces choses là ».
Çà fait partie de notre culture. L’astiquage a son sens pédagogique
Quant à Célestin Kakue, il n’a pas d’avis tranché sur le sujet. « Moi je pense qu’on ne peut pas instituer ou "désinstituer" la trique. Çà fait partie de notre culture. L’astiquage a son sens pédagogique et même si ce n’est pas partagé par les nouveaux pédagogues, chacun a sa légitimité. Encore faut-il que les uns et les autres comprennent le sens des choses. Pour résumer, je dis que l’on astique les jeunes ou pas, s’ils ont compris ce qu’on a décidé pour eux, je pense qu’on aura gagné l’essentiel ».
Le châtiment corporel reste un sujet controversé. Mais tous, coutumiers et habitants sont unanimes sur un point : le meilleur outil de prévention contre la délinquance est l’éducation à la maison.
Rappelons que le droit français interdit totalement les châtiments corporels sur les enfants et adolescents, y compris la fessée depuis juillet 2019.
On reparlait déjà de l’astiquage dans ce reportage à Lifou de Philippe Kuntzmann en 2017