Dans l'enceinte de la grande chefferie de Lössi, à l'ombre des cocotiers, une dizaine de jeunes hommes ont attaché le bougna avec une liane végétale, mardi 8 mars. Le bougna géant du grand chef Evanès Bula a été préparé par le clan Tremethë, de la tribu de Luengoni :
A l'intérieur de ce plat typique des Iles, il y a une vingtaine de poissons. "Après, il y a les ignames par-dessus et les cocos râpées", raconte Nako, venu donner un coup de main.
Une préparation collective
Les accessoires du bougna sont contenus, la préparation est collective. "Le poisson, c'est un autre clan qui l'amène. Ce n'est pas nous. Les feuilles de bananiers, c'est également un autre clan qui les amène, et c'est pareil pour le coco. Chaque clan a ses responsabilités et doit l'assumer", explique Daniel Hnasson, membre du clan Tremethë.
Le Iöle Keu est une tradition perpétuée, depuis la nuit des temps. Aboutissement de plusieurs mois de travail, cette cérémonie est l'occasion de transmettre les savoirs ancestraux à la jeune génération. "C'est vrai que derrière le bougna, il y aussi la préparation, l'éducation que l'on doit donner à nos enfants : aller aux champs, à quel moment il faut préparer ce champ, à quel moment il faut planter, quels sont les ignames que l'on plante. Il y a des ignames spécifiques pour le travail du chef", détaille Daniel Hnasson.
Après la cuisson du bougna, qui aura duré 5 heures, ce dernier a été partagé avec le clan gardien de la grande chefferie de Lössi.
Ecoutez Zanehno Hnawia, de la tribu de Luecila, au micro de Clarisse Watue :
Avant la consommation du tubercule, le cadet doit tout d’abord offrir les prémices de son champ à son frère benjamin. Idem pour les chefs des clans à leurs sujets.