Le long chemin du mariage coutumier, à Lifou

LIFOU PREPARATION MARIAGE COUTUMIER ©nouvellecaledonie
C'est la saison des mariages, et à Lifou c’est l’effervescence pour les familles des futurs époux de statut civil coutumier. Une union qui nécessite beaucoup de preparation et qui obéit à des rituels très codifiés. Reportage au sein de deux familles à Mou et à Hmeleck.

Pas de temps à perdre pour cette famille de Mou. Jean-Pierre, le plus jeune frère, se marie dans une semaine. Depuis un mois, tout le monde met la main à la pâte. L'urgence, c'est de terminer des panneaux en feuilles de cocotier, qui permettront d'accueillir la future mariée et sa famille, trois jours avant l'évènement. "On prépare la maison pour qu'ils s'y installent. On tresse pour décorer et fermer, de façon à ce qu'ils puissent s'abriter, explique Rose Waika, un membre de la famille. Il y aura une centaine de personnes, logées et nourries, pendant tout le mariage."

Étape importante pour Jean-Pierre Biciw, le futur marié, il doit faire deux annonces successives, les deux derniers dimanches avant le mariage. Un moment très solennel, devant ses frères et son clan : "c'est un jour particulier, où je vais annoncer ma décision. Les rencontrer, les voir, et faire un geste pour dire que j'ai envie de me marier."

Un an avant, la réservation

Autre moment fort, un an auparavant : la réservation de la mariée. Une coutume au cours de laquelle Jean-Pierre a demandé à sa future femme si elle consentait à l'épouser. "Quand elle va dire oui, on va lui remettre une somme d'argent, confie Émilienne Hmaloko, membre de la famille par alliance. Ça peut aller de cent à plus... C'est moins d'un million. Après, tout dépend des familles."

Ce mariage coutumier à venir est très différent d'un mariage classique. "C'est surtout au niveau de l'organisation qui est plus collective qu'individuelle, précise Abel Hmaloko, un membre de la famille. On attend toutes les familles qui viennent pour aider, qui apportent des aliments, de l'argent, pour aider le responsable de l'organisation du mariage."

C'est à Jules Biciw qu'incombe cette tâche, le grand frère du futur marié. Un honneur et une grande responsabilité. "Comme pour mon mariage, c'était mon grand frère qui s'en était occupé. Maintenant c'est mon tour. Il faut rester pour accueillir les gens, faire la coutume, les remercier."

"L'encourager dans sa vie future"

Dans la tribu de Hmeleck, où un autre mariage se prépare, c'est tout un clan qui vient le soir contribuer à l'union du plus jeune fils de la famille. Celui-ci est présent, mais ne doit pas s'exprimer. "Normalement, quand il y a la coutume, il est juste là en tant qu'observateur, pour écouter et regarder qui est là, décrit Robert Hmeun, le frère du marié. Le plus important c'est ça : se voir ce soir, se rencontrer et échanger ce que l'on a dans le cœur, afin de l'encourager dans sa vie future." Après les paroles, le clan est invité à un repas préparé par la famille. Un moment très convivial de partage et de détente.