Nouvelle-Calédonie : le lent déclin de la fourmi électrique

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Durant deux semaines, une équipe scientifique a fait le tour de la Nouvelle-Calédonie pour déterminer l'état de santé des colonies de fourmis électriques. L'espèce semble décliner progressivement, notamment à Lifou.

La récente découverte d’une colonie de fourmis électriques à Toulon a relancé l’étude de cette espèce particulièrement invasive, originaire d'Amazonie. Fin novembre, une équipe composée de plusieurs scientifiques s'est attelée à examiner plusieurs dizaines de "spots" à travers toute la Nouvelle-Calédonie. Un périple qui a emmené les experts jusqu'à Lifou.

L'objectif : trouver des fourmis électriques, plus précisément des reines et des ouvrières, pour les étudier de près. "Il faut que leur habitat ne soit ni trop sec ni trop humide. Elles utilisent les cavités disponibles sous les pierres, dans la végétation, sous les feuilles", explique Hervé Jourdan, entomologiste à l'IRD. 

Comparer les fourmis

Ingénieur de recherche à l'INRAE de Montpellier, Julien Foucaud a effectué le déplacement depuis la Métropole pour cette mission. Le chercheur souhaite comparer génétiquement les fourmis électriques calédoniennes avec celles recensées à Toulon. "On essaye de caractériser avec des marqueurs moléculaires la carte d'identité de chacun des individus récoltés puis on compare simplement les uns avec les autres", explique-t-il.

A l’échelle européenne, l’enjeu est de taille. Après la récolte sur six endroits du sud au nord de Lifou, Hervé Jourdan semble optimiste. Il y a 20 ans, il avait déjà effectué une première étude. Ses prévisions d'alors se confirment. "On estimait qu’il y aurait moins de reines à l’avenir. Et effectivement, sur ce qu’on voit, on a des difficultés à en trouver", relate l'expert.

Des colonies en recul

À Nang, dans le nord de l'île, les colonies déclinent nettement. Une situation liée notamment à la consanguinité des spécimens. De génération en génération, l'identité génétique des reines se détériore.  Les fourmis électriques perdent alors du terrain et les habitants les trouvent même moins virulentes.

Comme un symbole de renouveau, on assiste même, à Easo, à la réapparition de fourmis calédoniennes endémiques, plus vivantes que jamais.