Issue d’une fratrie de dix enfants, Marie-Claire Pham a certainement très tôt été guidée par les valeurs d’empathie et d’entraide qui définiront son parcours. Des bancs de l’école, elle garde le souvenir d’une diversité constitutive d’une part de son identité future : "le fait d’avoir côtoyé depuis toute jeune d’autres ethnies de façon toute naturelle, c’est une richesse dont on ne soupçonne pas la profondeur tout de suite ; en réalité ça nous façonne, dans notre vie de tous les jours. […] Même si je suis Vietnamienne de père et de mère, dans ma culture il y a un grand métissage qui est là dès le début. Je le ressens quand je vais au Vietnam : je vois bien que j’y ai mes racines, et en même temps il y a une différence parce que j’ai vécu dans un environnement multiculturel."
Une carrière inattendue dans le social
Donnant d’abord la main au magasin familial à Magenta, Marie-Claire entre ensuite à l’IEOM (Institut d’émission d’Outre-mer), puis dans la fonction publique territoriale. Une amie lui parle alors du concours pour devenir inspectrice de l’action sanitaire et sociale : "En l’entendant, j’ai ri : je n’avais envie d’inspecter absolument personne ! Elle m’a ensuite expliqué que c’était plus dans l’organisation et la planification des offres de soin, tout ce qui concerne le social. En relisant mon parcours, et comme à cette époque on parlait beaucoup de construire le Pays, je me suis dit pourquoi pas !"
Prête à relever le défi, Marie-Claire s’envole ainsi en 2000 pour l’Hexagone où, après une expérience à l’hôpital de Nanterre en région parisienne, elle suit un cursus à l’EHESP (École des hautes études en santé publique) à Rennes. En 2003, cap sur l’île de la Réunion où elle travaillera jusqu’en 2005 - "que du bonheur ! " À son retour sur le Caillou, elle passera notamment par la province Nord (comme directrice adjointe de la DASSPS, Direction des affaires sanitaires et sociales et des problèmes de société).
Une nouvelle vie à Drehu
En 2016 Marie-Claire Pham devient directrice de l’APAHL (Association des Parents et Amis des Handicapés des Loyauté). Fervente catholique, elle estime que son intégration à la vie drehu a été facilitée par le partage de valeurs communes : "ici l’œcuménisme se vit de façon simple, quasi-quotidienne." Au sein de l'association, elle gère et coordonne environ 130 salariés (la plupart étant des "auxiliaires de vie" à temps partiel), dont sept travailleurs sociaux à temps plein, pour accompagner les personnes en situation de dépendance, qu’elles soient jeunes ou moins jeunes, soumises aux contraintes propres à Lifou, Maré et Ouvéa. L’association s’attache à soutenir les familles, amener les enfants vers plus d’autonomie, combattre l’isolement.
De la pratique de son métier, Marie-Claire tire une leçon de vie quotidienne : "On court après plein de choses, mais [les personnes handicapées] nous apportent l’essentiel. Elles sont devant nos yeux et nous rappellent que l’important est vraiment ailleurs que dans le paraître ou l’avoir".
La vraie richesse est dans l’être, le savoir-être, et accueillir l’autre dans sa différence. […] Ces personnes-là nous apprennent à être plus humbles. Aucun de nous n’a choisi ce qu’il est ; mais ce qu’il a reçu comme compétences, comment s’en sert-il ?
Marie-Claire Pham