Exactions à Maré : les familles rapatriées de Roh tentent de se reconstruire

Après leur départ précipité de la tribu de Roh, à Maré, il faut maintenant penser à l’après. Pour certaines familles, la rescolarition des enfants et trouver un logement deviennent une priorité.

Nous en ce moment, comme c'est tout embrouillé dans la tête, on essaie d'abord de s'organiser pour les enfants. -Une maman.


Les familles évacuées de Maré jeudi dernier, doivent s’organiser malgré le traumatisme subi, après les exactions survenues au lendemain de l’installation d’un étudiant-pasteur dans la tribu de Roh. La question d'un retour sur l'île pour certaines, n'est pas envisageable. 

Des examens à la fin de l'année

La priorité : le relogement des 138 Maréens et la scolarisation des enfants. Parmi eux, six collégiens qui doivent passer le brevet en cette fin d'année. 
 Pour cette maman, chaque jour non scolarisé est un jour perdu. "Ils ont perdu la semaine dernière et là c'est encore une semaine de plus de perdue. Deux semaines puis une troisième semaine. Mais, j'ai eu un professeur ce matin au téléphone, on va s'organiser pour les révisions".
 

Des établissements leur viennent en aide

Certains établissements s’organisent en effet. Odette Enoka, gestionnaire adjointe du collège de Tadine a notamment fait le déplacement. Trois élèves de son établissement font partie des exfiltrés. "Je suis venue là pour les voir ainsi que leurs parents. Pour les aider dans les démarches pour la scolarisation de leurs enfants. Elles seront effectuées par la directrice du collège de Tadine afin de ne pas les charger. On sait qu'ils sont déjà dans des moments trop difficiles" explique la cadre de l'Education nationale.
 

32 enfants mineurs

 

Dans les 138 personnes qui ont quitté Roh précipitamment, 32 sont des enfants âgés de moins de 18 ans. Pour Jean-Claude Hnassil, le porte-parole des familles, reprendre l’école est un remède.
 

Ça contribue à la guérison des enfants. Il faut qu'ils s'occupent et oublient cette tragédie et avancer. - Jean-Claude Hnassil, porte-parole des familles.


Une rencontre est prévue entre les familles, le Vice-Recteur et le gouvernement cet après-midi à 14h.
 

Le relogement, une autre préoccupation

Avec la scolarisation des enfants, se pose aussi la question de reloger les familles. Jacques Lalie, le président de la Province des îles est allé à leur rencontre hier. 
 

Le travail va être difficile mais je leur ai dit qu'on va essayer de faire progresser les choses dans un mois. -Jacques Lalie, président de la province des Iles.


L’urgence, s’occuper des jeunes, en leur trouvant des formations et très vite remettre les enfants à l’école. Pour ce qui est de les reloger, des discussions devraient se faire avec la SIC. Un groupe de travail a été mis en place dès aujourd’hui. La PIL en assemblée de province ce matin, va débloquer un dispositif d’urgence de 2 millions de francs pour les personnes qui n’auront pas de revenu.
"On va refaire le point avec un groupe de travail de la province pour cerner cette problèmatique de l'enseignement, de la formation aussi, parce qu'il y a beaucoup de jeunes. Le travail va être difficile mais je leur ai dit qu'on va essayer de faire progresser les choses dans un mois. On arrive au mois de décembre, dans la période des fêtes dans un autre état d'esprit. Il faudra essayer de travailler dans la dignité", explique ainsi Jacques Lalie.
 

Le souhait d'un terrain coutumier

Une dignité avec une identité que les familles souhaitent conserver et partager tous ensemble au sein d’un même endroit, par le biais d’un terrain coutumier qui leur serait proposé. "C'est notre souhait le plus cher. C'est d'abord un terrain où l'on peut reconstruire une vie tribale. Le Kanak est ancré à la terre et nous, on nous a déracinés. On veut se ré-enraciner et retrouver notre idéentité kanak, qu'on puisse réorganiser les familles ensemble" confie Jean-Claude Hnassil,  le porte-parole des familles.

En attendant, les familles hébergées au temple de Montravel continuent de recevoir des dons. Pour chaque donateur, l’accueil se fait par un taperas en Nengone. 

Le reportage de Dave Waheo-Hnasson et d'Ondine Moyatea