A Maré, l’entraide pour la restauration des cases

Des images rares, celles de la restauration d'une toiture de case à Maré. Shi M’Ma dans la langue de Nengone signifie non seulement la réfection d'une toiture, mais ce terme renvoie aussi aux us et coutumes qui entourent cet événement. Covid-19 ou pas, la tradition a été respectée. 
A l’Est de Maré, les cocoteraies s’étendent sur une bonne partie du littoral. Dans la tribu de Kurine, comme sur toute l’ile, le cocotier est une plante aux multiples usages. Ses feuilles par exemple servent à couvrir le toit des cases. 
 

A chacun son rôle

Pendant le confinement et encore après, les gens de Maré se sont appliqués à les restaurer, et comme d’habitude, les familles se retrouvent chez le propriétaire de l’habitation à travailler ensemble, selon une organisation particulière, avec par exemple la confection des bottes de feuilles de cocotier par les femmes. 
« Chez nous, c’est une tradition d’être organisés lorsqu’on travaille ensemble. Comme lorsqu’on pêche pour la fête de l’igname, il faut être organisés pour refaire la toiture d’une case » explique Yewene Bearune de la tribu de Kurine. « Par exemple, couper les goélettes est un travail fait par les garçons. Les jeunes adultes, ceux qui viennent de se marier, font autre chose, comme préparer le matériel pour intervenir sur le toit. Quant au propriétaire de la case, il doit faire en sorte qu’il y a ce qu’il faut en feuilles de cocotier ». 
 

La solidarité malgré le confinement

Juchés sur des échafaudages en bois, une dizaine de jeunes. Ils viennent des quatre tribus du district de Penelo. Une partie est à l’intérieur de la case, une autre est à l’extérieur. Avec précision, ils disposent entre les goélettes les bottes de feuilles de cocotier qu’ils consolident à l’aide d’une ficelle. Une sorte de confection intérieure/extérieure de la toiture. 

Ici, le Covid-19 n’a pas bouleversé le quotidien des gens. 
« C’est vrai, on a eu quelques craintes de cette maladie, mais lorsque l’on a appris que des cas étaient avérés à Nouméa, on a pensé que comme tous les accès étaient fermés ici à Maré, il ne pouvait pas avoir de cas importés chez nous. Donc on a toujours travaillé ensemble » explique Yewene Bearune. « Mais c’est vrai qu’il fut toujours être vigilant sur ce genre de maladies. Chez nous, à Maré, on a toujours notre quotidien. Faire à manger à la maison, cultiver nos champs, et s’entraider pour les travaux qui nécessitent du monde, c’est notre façon de vivre à nous, ici à Maré ».
En un mois de confinement, douze réfections de toitures de cases ont été faites dans les quatre tribus du district de Penelo. Et à Kurine, la mobilisation a permis de réaliser l’ouvrage en seulement une journée.
Le reportage de Thérèse Waia et Christian Favennec 
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