Municipales 2020 : le débat du second tour à Maré

Six listes s'étaient lancées à Maré. Quatre ont franchi le premier tour. Et elles sont trois à faire campagne pour le 28 juin. Maryline Sinewami mène désormais une liste FLNKS Nengone face au maire Pierre Ngaiohni (Dynamique unitaire Nengone), ainsi qu'à Joseph Waikedre (Dynamique autochtone).

Les candidats du second tour

  • Pierre Ngaiohni (maire sortant), tête de liste Dynamique unitaire Nengone 
  • Maryline Sinewami, tête de liste FLNKS Nengone 
  • Joseph Waikedre, tête de liste Dynamique autochtone

Le débat de l'entre-deux-tours

En pays nengone, la municipalité de Maré décomptait 5 757 habitants au recensement de 2019. L’île aux 29 tribus est connue pour son potentiel touristique et son agriculture. Lundi 22 juin, les trois candidats du second tour étaient réunis à la nouvelle mairie, à Tadine, pour débattre sur nos antennes autour de Claudette Trupit. Ils ont parlé tour à tour du mode de gouvernance qu’ils souhaitent pour la commune, des infrastructures et du développement économique. 

La gouvernance
Développer une «gestion participative» des affaires communales, un cheval de bataille de Maryline Sinewami, qui aborde le second tour à la tête d’une liste FLNKS Nengone. «C’est d’impliquer toute la population. Pas seulement au niveau du conseil municipal, mais de pouvoir créer des espaces de partage et de discussion. Que les conseillers et les adjoints soient des référents et des relais entre le conseil municipal et les tribus», développe-t-elle, «d’abord pour récolter les doléances, et aussi pour informer».

«Dans nos tournées, on dit à la population qu’on ne fera pas de promesses et qu’après les élections, nous retournerons en tribu recenser les besoins,  de chaque tribu», renchérit Joseph Waikedre pour la liste Dynamique autochtone. En ajoutant : «On dit que notre mode de vie doit être notre système de gouvernance. Et que le maire et son conseil ne soient qu’un outil au service de la population et des chefferies.»

«C’est un concept qui est à la mode, la gestion participative», relève pour sa part le maire actuel, Pierre Ngaiohni. «On le fait de manière informelle. Parce qu’on va auprès des chefferies, des églises, des associations. C’est un objectif. Mais la mise en place de manière formelle de cette structure va prendre du temps.»

Les infrastructures
Pierre Ngaiohni, pour la liste Dynamique unitaire Nengone, estime que son équipe sortante a beaucoup contribué «à la mise en oeuvre des infrastructures et des équipements» - écoles, routes, éclairage public dans les tribus, extension du réseau d’eau potable. «C’est la condition qu’il fallait pour passer à une deuxième étape, qui consiste à beaucoup œuvrer pour le bien-être et pour le confort des populations.»

«Avant de proposer de nouvelles infrastructures, nous proposons de rénover l’existant»
, pose quant à lui Joseph Waikedre, en évoquant routes et écoles. Et en annonçant un audit à la fois financier et structurel. Principe mis en avant par sa liste : «investir pour créer des richesses ».

«Une partie de la population n’est pas rassurée par rapport à la potabilité de l’eau», relève par ailleurs Maryline Sinewami, qui insiste aussi sur la réparation des conduites.

Le développement économique
Les candidats s’accordent sur l’importance de continuer les marchés, y compris les grands marchés délocalisés sur la Grande terre. Maryline Sinewami et Pierre Ngaiohni évoquent la création d’une coopérative à Nouméa, pour aider à l’écoulement des produits.

«Maintenant, c’est d’organiser la filière et au final mettre en place une unité de conservation sous vide», complète Joseph Waikedre. «Créer des centres pour que les gens viennent vendre leurs produits et s’il y a du surplus, transformer ces produits.» Un candidat qui cite en exemple un modèle économique, celui de l’exploitation du santal, avec l’emploi de Maréens de tous les districts.

Le candidat maire, lui, se positionne sur l’environnement : «Le premier projet, c’est le solaire. A terme, il faut arrêter ou réduire fortement la production de la centrale thermique de Tadine. Deuxième projet, une usine de dessalement», pour préserver la réserve d’eau douce nengone. Sans oublier de mettre en place l’assainissement qui n’existe pas encore.

Tandis que Maryline Sinewami insiste sur la nécessité d’aider les jeunes ménages à s’installer et à s’ancrer économiquement.

Retrouvez l'intégralité du débat consacré à la commune de Maré : 

Les résultats du premier tour

Au premier tour, 73 % des 6864 électeurs ont accompli leur devoir civique. Ils sont environ 1800 à ne pas avoir voté.
La liste emmenée par Joseph Waikedre et sa Dynamique autochtone est arrivée en tête avec 32,9 % des suffrages exprimés (1644 bulletins).
Suivait la liste UC-FLNKS de Maryline Sinewami qui a réuni 23,69 % soit 1184 voix.
Pas bien loin, Emile Lakoredine obtenait 20,29 % (1014 suffrages).
641 électeurs se sont exprimés en faveur du maire sortant Pierre Ngaiohni, ce qui représente 12,83 %.
Sans oublier les 9,22 % de Bernard Enoka et le 1,04% de Lucien Bob.  
Si quatre listes ont passées ce cap du premier tour, la situation est finalement celle d’une triangulaire dans laquelle le maire sortant se trouve en ballotage défavorable. Face à lui, Joseph Waikedre du LKS et une liste d’union indépendantiste entre l’UC, le Palika et les membres du Parti travailliste : c’est FLNKS Nengone, menée par Maryline Sinewami.