"Ils n'ont pas envie de laisser les copains" : en province Nord aussi, le fort recul de l'activité économique oblige des familles à quitter la Nouvelle-Calédonie

Déménagement à Koné ©nouvellecaledonie
Entre la fermeture annoncée de l’usine du Nord et la crise sociale que traverse le territoire, les communes de Koné et Pouembout perdent des habitants et les logements se vident peu à peu. Une situation qui contraste avec l'an dernier, quand il était encore difficile de se loger dans la zone.

Arnaud Mignon et sa famille ont passé la journée dans les cartons. Après plusieurs déménagements et cinq années passées dans leur maison à Pouembout, un peu de rangement s'impose. Du tri, ce n'est pas ce qui manque. D'autant qu''il y a eu un saut technologique, sourit le père de famille. Tout ça, ça date d'avant la wi-fi."

Arnaud Mignon est arrivé en fin de contrat. Ce qui signifie un retour vers l'Hexagone pour lui et toute sa famille. Un déchirement pour ses quatre enfants, dont Amaury qui a "envie de rester ici".  La maman Véronique Mignon en atteste : "ils n'ont pas envie de laisser les copains, ils n'ont pas envie de laisser l'île sur laquelle ils ont vécu les cinq dernières années". 

C'était censé être notre maison pour les vingt-cinq prochaines années.

Le propriétaire d'une villa à Pouembout


Des propriétaires qui quittent leur maison pour la louer

Dans la maison voisine, une famille emménage dans cette villa aux belles prestations. Le propriétaire y habitait il y a encore quelques semaines. Mais avec le recul de l'activité économique et 80 % de chiffre d'affaires en moins pour sa société, il a fallu faire un choix douloureux. 

"C'était censé être notre maison pour les vingt-cinq prochaines années mais on a décidé de la mettre à louer de façon à la garder parce que pour l'instant on peut encore s'arranger un peu avec la banque", confie Charly Montes. Mais ce propriétaire reste dubitatif : "dans six mois ce sera comment ? On ne sait pas... Donc c'est plutôt un choix de sagesse mais oui c'est sûr que c'est un peu dur".


Zéro vente immobilière depuis janvier

Ce matin-là, Cyrille Béraud, le directeur d'une société immobilière, jongle entre ces deux maisons avec ses salariés. Avec zéro vente enregistrée depuis le début de l'année, la diversification, c'est un peu la survie de son entreprise. 

"Là, on fait des déménagements en domestique, des gens qui changent de logement, des locaux", indique le directeur dont l'entreprise assiste aussi une société partenaire pour les  déménagements à l'international. 

Ce deuxième semestre, une centaine de logements est vacante à Koné et Pouembout. Un phénomène qui devrait s'accentuer d'ici la fin d'année, avec la mise au chômage des 1 200 salariés de KNS.