Après une messe de commémoration et un dépôt de gerbes sur les tombes des dix militants tués originaires de la tribu de Tiendanite, différents temps forts attendent ceux qui viendront célébrer les 40 ans du centre culturel Goa Ma Bwarhat à Hienghène.
Retour sur son histoire avec son directeur, Jean-Mathias Djaïwé : "Goa Ma Bwarhat, ce sont les deux chefferies. Goa c'est celle de la vallée, et Bwarhat, les quatorze tribus du bord de mer. À l'époque, Jean-Marie Tjibaou, suite au festival Mélanesia 2000 en 1975, et au réveil culturel kanak, le premier centre culturel [voit le jour] à Hienghène en 1984. Ce qu'on met en avant, c'est tout ce qu'on a pu promouvoir : le patrimoine culturel, les éléments de l'identité kanak. Il y a les hommes et les femmes, les pratiques, et surtout l'esprit de solidarité et notre façon d'être."
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Devoir de mémoire
Emmanuel Tjibaou est originaire de la tribu de Tiendanite. Le président de l'UC était présent ce jeudi aux commémorations. Parmi les dix militants morts dans l'embuscade il y a 40 ans, ses oncles Louis et Vianney. Le devoir de mémoire se perpétue-t-il entre les générations ? Medriko Peteisi lui a posé la question dans notre journal de midi.
"Il se perpétue parce qu'il y a encore des gens pour raconter : on a encore trois papas rescapés de l'embuscade de Waan Yaat. On a toujours dit depuis 1985 qu'on allait perpétuer cette mémoire parce que ce n'est pas simplement l'histoire de Hienghène ou de Tiendanite. C'est l'histoire de tout notre pays et de la contradiction qu'il y a aujourd'hui à achever le processus de décolonisation."
"C'est le sens des échanges, des commémorations qui se font chaque année avec un volet particulier aujourd'hui parce que 40 ans, c'est le fruit d'une génération, poursuit le député de la seconde circonscription. J'avais 8 ans à ce moment-là, aujourd'hui j'en ai 48 et je n'ai pas envie que mes enfants revivent la même chose. C'est le sens de mon engagement et de l'engagement des gens de la vallée et de ceux du bord de mer. On ne commémore pas simplement l'histoire de cette incompréhension, qui a fait que les gens se sont affrontés jusqu'au sang. Cela permet de porter un regard apaisé sur la décolonisation et le chemin qui nous reste à accomplir vers un avenir plus apaisé. Si on ne connaît pas son histoire, on est amené à la répéter."
Ba men duup
Au programme de ce vendredi 6 décembre à Hienghène : des danses, spectacles, concerts, une exposition, des conférences et des témoignages. Une journée de préfiguration d'une exposition intitulée "Ba men duup" ou "Muret, mur/et, avec/filoche : le muret et la filoche", soit une fonction occupée par les chefferies de la région Hoot ma Whaap, qui consiste à travailler sur la cohésion d'un groupe. "À veiller à ce que les équilibres et les espaces d'expression soient respectés, afin que tout le monde puisse aller dans le même sens".