Malgré la montée des eaux et les dégâts réguliers des cyclones et autres inondations, pas question pour les habitants du village de pêcheurs de Foué de quitter les lieux. Racines et tradition familiale sont les plus fortes.
A Foué sur le littoral de Koné, un petit village d’irréductibles pêcheurs résiste à la montée du niveau des océans et à la colère des éléments. Malgré l’adversité, les habitants y reviennent à chaque fois.
Gilbert Assawa et Brice Bachon ont rencontré les habitants pour tenter de comprendre ce qui les retient à ce bout de littoral.
« On est enracinés ici »
24 heures après le passage du cyclone Niran, la cinquantaine d’habitants du petit village de pêcheurs de Foué était de retour pour nettoyer les maisons. Et ça se passe comme ça à chaque cyclone depuis déjà cinq générations.
Jean-Marie Pourouda, patriarche à la retraite, dévoile une partie de l’histoire qui retient sa famille à ce littoral : « l’histoire d’ici elle commence là, avec ces trois sapins, Michel, Pierre, François, et là-bas, le grand cocotier, c’est Léontine, leur maman ». Des arbres plantés lors du départ du père pour la guerre de 39-45.
« Les gens, ils ont voulu nous faire partir, nous, on dit non, on reste là. Il y a une histoire. On est enracinés ici » confie le doyen du village.
Réfléchir à un relogement
A Foué, la montée du niveau des océans n’est pas la seule responsable des inondations dans les maisons. L’arasement des billons érigés par les anciens amène directement les eaux de pluie au village.
« Avant, l’eau douce passait dans les billons et passait directement dans le creek. Une fois qu’ils ont enlevé tous les billons, on est inondé partout ici ».
Situé sur le domaine public maritime qui est du ressort de la province Nord, le village de pêcheurs abrite des citoyens de statut civil particulier. Les reloger demande le concours du district de Baco, mais pour le moment, c’est la commune de Koné, collectivité la plus proche qui est l’interlocutrice.
« C’est des gens de Koné, dont on s’occupe pour les enfants pour venir à l’école à Téari par exemple. Il faut aussi qu’ils aient le courant électrique. Mais c’est vrai que vu que la mer semblerait-il monte, il faut peut-être envisager de se réunir pour réfléchir à un relogement » explique Patrick Robert, adjoint au maire de Koné.
Considérés à tort parfois comme d’irréductibles pêcheurs accrochés à leur banc de sable, les habitants de Foué souhaiteraient migrer vers les terrains mitoyens plus en hauteur. Aujourd’hui, l’aménagement de la presqu’île ne pourrait se faire sans eux.