La SLN reprend déjà le travail à Kouaoua, dans un contexte économique critique

Personnels SLN de Kouaoua, le vendredi 23 novembre, à la reprise du travail.
Après un comité d'entreprise extraordinaire à Kouaoua, une équipe de la SLN est montée continuer l'activité minière, malgré les gros dégâts matériels que l'entreprise vient de subir. Des nouvelles dégradations endurées alors que la société se trouve en très mauvaise posture.
[MISE A JOUR DE SAMEDI]

«Le travail reprend ce vendredi 23 novembre, après la réunion d’un CE extraordinaire qui a permis de faire le point sur la situation et en particulier sur des mesures de sûreté complémentaires.» Voilà ce qu'annonce la SLN alors que le centre minier de Kouaoua a encore connu un arrêt d'activité, suite aux importantes dégradations commises sur l'outil de production: des incendies qui ont détruit ou endommagé quinze engins miniers, soit la moitié de la flotte, et la tête du convoyeur de minerai. 
Le reportage de Nadina Goapana et Laura Schintu. 
©nouvellecaledonie
  

Cellule psychologique

C'était dans la nuit de mercredi à jeudi et le sujet a donc été abordé avec les représentants des 180 salariés. Une cellule psychologique sera mise en place dès lundi matin. «Chacun a mesuré l’importance du centre minier de Kouaoua pour le village, l’alimentation en minerai de l’usine de Doniambo et pour la pérennité de la SLN», relaie la direction de la société dans un communiqué diffusé à la mi-journée. 
 
Dégâts sur la partie haute du convoyeur.
 

Quatrième équipe

La signature récente de l’accord sur les 147 heures, qui permet la constitution d’une quatrième équipe, va aider à répartir au mieux les opérationnels sur le parc d'engins réduit, détaille-t-elle. A savoir que dès jeudi matin, les équipes ont réalisé un point complet des dégâts sur les quinze engins miniers dégradés et les installations. Des expertises d’assureurs ont été lancées afin d’évaluer l'ampleur du sinistre. Sur le plan de l’enquête de gendarmerie, assure aussi la SLN, des auditions ont commencé.
 
Vue sur mine à Kouaoua, 23 novembre 2018.
 

Coût

L'ampleur de ces nouvelles dégradations, qui représentent un coût colossal, a laissé craindre une interruption de la production pour plusieurs semaines. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle atteinte aux intérêts de la SLN est intervenue dans un contexte économique déjà critique. 
L'analyse d'Angélique Souche. 

200 000 F de perte par tonne produite

Le Nickel perd actuellement 200 000F à chaque tonne de nickel produite. La vieille dame enregistrera en 2018 son septième exercice déficitaire d'affilée. Plusieurs raisons à cette inexorable descente: la conjoncture, avec un marché mondial des métaux à la baisse, mais aussi un plan de performance SLN 2020 en panne. Après des débuts encourageant, la chasse aux économies s’est arrêtée en 2018. Les coûts de production ont même augmenté, pour repasser au-dessus de la barre des cinq dollars la livre. 
 

Plusieurs raisons

«Nous ne sommes pas parvenus à signer, encore, nos accords d'extension du temps de travail sur mine et à l'usine», énumérait hier Christel Bories, PDG d'Eramet - c'était avant le CE extraordinaire de ce vendredi matin. «Nous avons eu les problèmes de Kouaoua, continuait-elle. Nous espérions une réduction du coût de l'énergie, nous n'avons pas obtenu de l'opérateur énergétique la réduction de coût que nous espérions. Et puis vous savez qu'il y a un certain nombre [de] nouveaux gisements dont nous avons perdu les permis d'exploitation. Tout ça pèse beaucoup sur la SLN.»
 
L'usine SLN de Doniambo.
 

63 milliards de prêt

A ce rythme-là les 63 milliards CFP de prêt concédés par l’Etat il y a deux ans pourraient même être entièrement consommés fin 2019. La SLN est donc à nouveau au pied du mur. Christel Bories insistait donc hier: l’optimisation prévue dans le plan de performance, en particulier la réorganisation du travail, doit se mettre en place de façon urgente. 
 
Retour des salariés à Kououa, le 23 novembre.
 

L'export

Mais cela ne suffira pas. La patronne d’Eramet en est convaincue, la survie de la SLN se gagnera à l’export. «Nos mines, aujourd'hui, ne sont pas opérées à l'optimum, explique Christel Bories. On ne prend sur nos mines que les hautes teneurs qui sont destinées à l'usine. Pour une tonne que l'on envoie à Doniambo, on en manipule huit. Dont il y en a sept que l'on met en verse, ce qui nous coûte très cher et ce qui crée un gros coût environnemental.»
 

A négocier

Or elles contiennent «des minerais qui auraient de grosses valeurs à l'export», plaide-t-elle. Ce qui représente «des revenus pour nos concurrents», s'avère «des coûts pour nous». Du minerai brut, à basse teneur, qui pourrait intéresser la Chine, mais aussi la Corée. Christel Bories doit rencontrer les responsables politiques pour les convaincre de l’impérieuse nécessité d’ouvrir les vannes de l’export pour la SLN.