Après un comité d'entreprise extraordinaire à Kouaoua, une équipe de la SLN est montée continuer l'activité minière, malgré les gros dégâts matériels que l'entreprise vient de subir. Des nouvelles dégradations endurées alors que la société se trouve en très mauvaise posture.
Abgélique Souche, avec Françoise Tromeur•
[MISE A JOUR DE SAMEDI]
«Le travail reprend ce vendredi 23 novembre, après la réunion d’un CE extraordinaire qui a permis de faire le point sur la situation et en particulier sur des mesures de sûreté complémentaires.» Voilà ce qu'annonce la SLN alors que le centre minier de Kouaoua a encore connu un arrêt d'activité, suite aux importantes dégradations commises sur l'outil de production: des incendies qui ont détruit ou endommagé quinze engins miniers, soit la moitié de la flotte, et la tête du convoyeur de minerai. Le reportage de Nadina Goapana et Laura Schintu.
L'ampleur de ces nouvelles dégradations, qui représentent un coût colossal, a laissé craindre une interruption de la production pour plusieurs semaines. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle atteinte aux intérêts de la SLN est intervenue dans un contexte économique déjà critique. L'analyse d'Angélique Souche.
200 000 F de perte par tonne produite
Le Nickel perd actuellement 200 000F à chaque tonne de nickel produite. La vieille dame enregistrera en 2018 son septième exercice déficitaire d'affilée. Plusieurs raisons à cette inexorable descente: la conjoncture, avec un marché mondial des métaux à la baisse, mais aussi un plan de performance SLN 2020 en panne. Après des débuts encourageant, la chasse aux économies s’est arrêtée en 2018. Les coûts de production ont même augmenté, pour repasser au-dessus de la barre des cinq dollars la livre.
Mais cela ne suffira pas. La patronne d’Eramet en est convaincue, la survie de la SLN se gagnera à l’export. «Nos mines, aujourd'hui, ne sont pas opérées à l'optimum, explique Christel Bories. On ne prend sur nos mines que les hautes teneurs qui sont destinées à l'usine. Pour une tonne que l'on envoie à Doniambo, on en manipule huit. Dont il y en a sept que l'on met en verse, ce qui nous coûte très cher et ce qui crée un gros coût environnemental.»
A négocier
Or elles contiennent «des minerais qui auraient de grosses valeurs à l'export», plaide-t-elle. Ce qui représente «des revenus pour nos concurrents», s'avère «des coûts pour nous». Du minerai brut, à basse teneur, qui pourrait intéresser la Chine, mais aussi la Corée. Christel Bories doit rencontrer les responsables politiques pour les convaincre de l’impérieuse nécessité d’ouvrir les vannes de l’export pour la SLN.