Un palier a été franchi la nuit dernière, à Kouaoua, dans les exactions contre le centre minier de la SLN. La moitié de son parc d'engins a subi des feux, tout comme la tête de la serpentine. Des dégâts majeurs que la patronne d'Eramet, de passage en Nouvelle-Calédonie, dénonce avec vigueur.
Angélique Souche et Sylvie Hmeun, avec Françoise Tromeur •
Une nouvelle fois, l’outil industriel de la SLN est pris pour cible à Kouaoua, et les dégâts sont considérables. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une quinzaine d’engins miniers ont subi des feux. Des pelles, des arroseuses et des camions de 50 et 100 tonnes, soit la moitié de la flotte d’engins dont dispose Le Nickel dans la commune. Le compte-rendu de Sylvie Hmeun, diffusé le 22 avril..
Mais surtout, la tête du convoyeur qui permet d’acheminer le minerai de la montagne au littoral a également été incendié. Et pour remettre en état cette partie de l’indispensable serpentine, il risque d’en coûter bien plus de temps et d’argent que lors des feux précédents. Résultat: le site est une fois de plus à l’arrêt, pour une durée indéterminée. Ce qui laisse sans travail 180 salariés et environ 200 sous-traitants.
«Attitude criminelle»
De passage en Calédonie, la patronne d’Eramet, maison-mère de la SLN, parle d’«actes totalement irresponsables», d'«attitude criminelle» et même de «guérilla». «Ce sont clairement les salariés de la SLN qui sont visés là, qui ne peuvent plus accéder à leur lieu de travail, qui sont affectés tous les jours», a-t-elle réagi à la mi-journée.
«Sentiment d'impunité»
«Et c’est une attitude criminelle, irresponsable, que nous dénonçons, insiste-t-elle. Au-delà des forts impacts financiers que ça a pour nous, c’est un sentiment, je dirais, d’impunité. On espère que des sanctions seront prises parce qu’on ne peut pas vivre dans une telle guérilla au niveau de Kouaoua.»
Crise
Les dégradations de cette nuit interviennent après le déblocage, bien fragile, de la crise qui durait depuis début août. Un accord provisoire a été trouvé pour permettre la reprise de l'activité après des semaines d'interruption, depuis la mi-août, dues aux dégradations répétées de la serpentine et à un mouvement de contestation mené par de jeunes habitants. Ils protestaient contre l'ouverture programmée de trois nouveaux sites miniers (Mont-Calm, Chêne-Gomme et Newco) avec l'accord des autorités coutumières.
Permis d'exploitation
Entre-temps, la province Nord a suspendu les permis d'exploitation. Pour autant, les tensions ont continué à se traduire par des blocages. La gendarmerie a été déployée en nombre pour libérer l'accès aux mines de Kiel et Méa et encadrer la reprise du travail.