Entre mercredi matin et jeudi après-midi, la province Nord a été privée de réseaux mobile et internet. Les équipes de la sécurité civile ont fait ce qu'elles ont pu pour informer les communes des alertes cycloniques en cours et faire de la prévention auprès de la population.
Il est 15h au PC sécurité de la sécurité civile installé dans le bâtiment du gouvernement de Koné. En ce mercredi après-midi de préalerte cyclonique, Philippe Buama, chef de la sécurité civile de la province Nord, tente de coordonner ses équipes sans internet ni réseau mobile. Naturellement, la tâche se révèle ardue.
« Nous sommes en permanence au téléphone (fixe ndlr) avec le COG (Centre Opérationnel du gouvernement) à Nouméa, ils nous informent en temps réel des niveaux d’alertes sur chaque commune de la province Nord ». Mais dans ces conditions, informer n’est pas simple, il faut appeler via le téléphone fixe chaque commune, les pompiers et les secours de l’évolution de la situation. « Dans certaines communes nous devons nous déplacer pour les prévenir car même le fixe ne fonctionne pas ».
Six hommes et femmes de la sécurité civile de Nouméa prêtent leur appui à l’équipe du Nord dès mardi soir. « Cela nous permet d’être plus réactif et de pouvoir se partager des secteurs à prévenir », nous précise Philippe Buama. Le chef de la sécurité civile de la province Nord affirme, « C’est la première fois que nous sommes confrontés à une telle situation, c’est du jamais vu ». Fort heureusement, peu d’interventions ont été réalisées pendant ce black-out de 36h.
Des câbles du réseau fibre optique en cause
Au bâtiment de l’OPT, à Koné, les activités sont à l’arrêt. Aurélie Goromerant, derrière son écran, au guichet numéro 4, le confirme « Rien ne fonctionne, les distributeurs de billets, les ordinateurs, nous ne pouvons effectuer aucune opération pour nos clients, même nos imprimantes sont reliées au réseau et donc, sont inutilisables ». Il en va de même pour le courrier qui, en raison de la pré-alerte et des fortes pluies, n’a pas pu être acheminé dans le Nord par les équipes de l’OPT. « Il faut répéter ces mêmes mots à chaque personne qui franchi la porte de l’agence, et difficile de leur faire comprendre une telle situation », poursuit Aurélie.
Deux techniciens du réseau sont présents sur place et eux aussi sont impuissants face à la situation. « On ne peut rien faire, le problème vient des câbles du pont de Tamoa, ils ont été arrachés par les fortes chutes d’eau, et les techniciens sur place sont en alerte 2 à Tontouta, ils ne peuvent pas intervenir avant demain matin (jeudi) » déplore Patrice…
Et tous les secteurs sont concernés, les stations essence sont dans l’incapacité de faire payer par carte bleu autre que VISA, seuls les espèces et les chèques ne sont acceptés le cas échéant. Dans les commerces, les professionnels sont également confrontés à une situation devenue alarmante. « Nous sommes dans l’incapacité de gérer nos stocks, nous perdons beaucoup de clients qui n’ont pas de chèque ou de liquide depuis hier (mercredi matin), nous ne pouvons pas encore estimer notre perte de chiffre d’affaires sur ces deux jours, nous attendons le retour du réseau pour faire un point », indique Nadia Toudji, gérante d’un supermarché de Koné.
Reportage Camille Mosnier et Briche Bachon
Les secours injoignables
Seul moyen de joindre les pompiers ou la gendarmerie, composer les numéros d’urgences mais uniquement à partir d'un téléphone fixe. Problème, une grande partie de la population n’a pas reçu cette information. C’est le cas d'une dame, en pleurs, dans la rue, son fils dans les bras « Je n’arrive pas à joindre les pompiers, mon fils a avalé des médicaments », hurle t'elle. Des passants l’orientent vers la gendarmerie à quelques pas de là et grâce à l’intervention des forces de l’ordre, l’enfant a pu être conduit aux urgences où un médecin l'a pris en charge rapidement. « Il s’agit d’une fausse alerte, après plusieurs analyses, je me suis rendu compte que l’enfant n’avait pas avalé les médicaments de sa maman, mais la situation est inquiétante », explique le chef des urgences, « nous sommes, nous aussi, coupés du monde, tout le bâtiment de l’hôpital est relié à la fibre optique, il est donc impossible de nous joindre. »
Pour pallier le potentiel manque de médecins sur place, le chef des urgences a pris la décision de convoquer tout son personnel pour passer la nuit sur place. « Les anesthésistes, radiologues, pharmaciens et tout le personnel habituellement d’astreinte, nous ne pouvons pas les joindre en cas de coup dur, il faut donc que tout le monde soit ici dans la nuit de mercredi à jeudi ». Il existe bien un moyen d’établir un contact avec l’hôpital de Koné et son service d'urgences, « Nous sommes reliés à l’hôpital de Koumac et de Poindimié par un réseau propre, il suffit d’appeler Koumac ou Poindimié par leur téléphone fixe, ils peuvent ainsi nous joindre directement pour nous informer ».
Selon la sécurité civile et les pompiers, aucun incident majeur n’est à déplorer pendant la période cyclonique. Aux alentours de 13h ce jeudi, le réseau internet était peu à peu rétabli, suivi quelques instants après du réseau mobile. La vie reprend donc doucement son cours dans la province Nord.