Avenir institutionnel : pour Philippe Dunoyer, "les concessions sont la condition du compromis et le compromis est la condition de la survie économique et sociale"

Philippe Dunoyer invité politique ©NC la 1ère
Alors que les élus attendent le retour de Manuel Valls, Philippe Dunoyer était l’invité politique du journal télévisé, ce dimanche 16 mars, sur NC la 1ère. Le conseiller du Congrès, porte-parole de Calédonie ensemble, s’est attardé sur le document laissé par le ministre des Outre-mer, et sur l’importance du “compromis” pour trouver un accord d’avenir.

Son retour se profile plutôt pour la fin du mois. Mais Manuel Valls, ministre des Outre-mer, est bien attendu sur le Caillou afin de continuer sur la lancée des discussions réamorcées entre les différents partenaires, en vue d'un accord pour l'avenir institutionnel. Dans l'intervalle, reste la fameuse synthèse des échanges diffusée par l'État. Si elle ne fait pas l'unanimité, "on considère que ce document pose des fondamentaux qui nous vont très bien”, déclare Philippe Dunoyer pour Calédonie ensemble.

"Cinq fondamentaux"

L'élu du Congrès, dont il préside la commission permanente, était l'invité du dimanche, au journal télévisé du 16 mars 2025. L'ancien député de la première circonscription s'est attardé sur "cinq fondamentaux" qu'il retient dans le document d'orientation. "D'abord, il propose que le socle juridique et politique de ce futur accord se situe dans le prolongement des accords de Matignon et de Nouméa. Ensuite, et ce n'est pas facile depuis le 13 mai, il continue de nous engager à construire un peuple calédonien, ce qui permet de poser la question d'un code de la citoyenneté (…) et de l'ouverture du corps électoral."

"Troisième fondement, énumère Philippe Dunoyer, c'est qu'il faut que la Calédonie reste une et indivisible, ce qui n'est pas incompatible avec le renforcement des compétences, notamment des provinces. Il dit qu'il faut poursuivre le processus d'émancipation sous la protection de la France, ce qui permet de poser la question de l'exercice des compétences régaliennes. Enfin, il a fixé comme règle qu'on évite une nouvelle question binaire, et qu'on pose un référendum de projet."

Un compromis mais comment ? 

Entre la pleine souveraineté complète voulue par les uns et l'ancrage renforcé dans la République demandé par les autres, Calédonie ensemble prône le compromis. Mais de façon concrète, qu'est-ce que ça veut dire ? "Il y a une situation qui s'impose à tous", commence par poser l'invité. "D'abord, on a l'accord de Nouméa qui a construit une souveraineté partagée sur une trajectoire vers la pleine souveraineté, c'est ce que dit le préambule. Et puis on a une accession vers la pleine souveraineté qui n'a pas eu lieu, parce que le peuple, souverain, a dit trois fois non par référendum (…). Et aujourd'hui, on a un pays coupé en deux, avec un droit à l'émancipation qui continue à s'exercer." 

"Parmi les hypothèses qu'expose le document, répond donc Philippe Dunoyer, on considère que deux sur les quatre ne peuvent pas prospérer : d'un côté, l'accession immédiate à la pleine souveraineté et de l'autre côté, un statu quo sans possibilité d'exercer le droit à l'autodétermination. Il faut trouver, dans l'espace qui reste, un nouvel accord, qui nécessitera des concessions de part et d'autre. Ces concessions sont la condition du compromis, et le compromis est la condition de la survie économique et sociale du territoire."

Entre convergences et "postures fermées"

Des concessions et compromis sur lesquels l'élu se montre quelque peu optimiste. "On va converger, on doit converger et on peut converger", lance-t-il. "Il y a beaucoup de sujets sur lesquels on progresse. Il y en a certains sur lesquels évidemment, pour l'instant, les postures sont fermées." En allant vers le compromis, glisse-t-il au passage, "on n’arrivera pas à satisfaire les exigences des radicaux mais on va satisfaire les attentes d'une très large majorité de la population, silencieuse, qui a envie qu'on continue de vivre ensemble et en paix". 

Un entretien avec Steeve Gnipate qui a aussi abordé le sujet des provinciales, la chute du gouvernement Mapou, le gouvernement Ponga, le débat d'orientation budgétaire de la Nouvelle-Calédonie ou encore le prêt de 120 milliards de francs CFP. "L'emprunt de 120 milliards (…) en réalité va coûter 270 milliards aux Calédoniens parce qu'on a six milliards d'intérêts sur vingt-cinq ans à payer."