Coups mortels à Ouégoa : aux assises, l'accusé a été acquitté

Me Thomas Gruet, avocat de la défense dans l'affaire de coups mortels de février 2021, à Ouégoa, plaidait l'acquittement.
L'homme de 66 ans jugé devant les assises de la Nouvelle-Calédonie ce jeudi était soupçonné d'avoir mortellement frappé l'ancien compagnon de sa fille avec un tamioc, en février 2021, à Ouégoa. Le procureur avait requis huit années de réclusion criminelle. Au terme des débats, c'est l'acquittement qui a été décidé, comme la défense le plaidait.

Acquitté. C'est la décision qui a été rendue ce jeudi, en début de soirée, aux assises. La conclusion d'un procès pour coups mortels prévu sur deux jours, mais réduit à une journée. Le dossier n'en était pas simple pour autant. Le fond de l'affaire s'est même avéré complexe. L’accusé, 66 ans, père de cinq enfants, a toujours reconnu avoir lancé un tamioc en direction de la victime. A savoir l'ancien compagnon de sa fille, âgé de 36 ans, qui était allé voir son ex-conjointe dans un état très alcollisé. C'était à Ouégoa, en 2021, dans la nuit du 1er au 2 février. 

La vision du ministère public

Mais l’a-t-il tué ? Pour le ministère public, il n’y avait aucun doute possible, il a estimé que le sexagénaire était coupable de coups mortels. Qu'il s’est senti agressé et humilié par la victime. Que la colère lui a fait commettre le pire. Huit ans de prison ont été requis à son encontre. 

L'étonnement de la défense

L'homme était défendu par Me Thomas Gruet qui s'est dit étonné par l’attitude de son client. En Nouvelle-Calédonie, a lancé le jeune avocat, les accusés avouent tout, et même ce qu’ils n’ont pas commis. Le collectif prime sur l’individu. Toujours selon M. Gruet, son client s’accusait d’un crime pour protéger un membre de sa famille. Aux assises, le doute profite toujours à l’accusé,  dans ce dossier, l’avocat a souligné qu’il n’y avait aucune preuve de culpabilité. La défense a plaidé l’acquittement. 

Témoins et experts

Plus tôt ce jeudi, les différents protagonistes présents durant le drame sont revenus sur son déroulement. Le Dr Lehericy a par ailleurs rendu son expertise psychiatrique. Selon lui, lors des faits, l’accusé était animé d’une colère noire et a lancé le tamioc dans l’obscurité en direction de la victime. Le sexagénaire n’ayant jamais nié, lors de l’expertise, avoir été à l’origine de la mort de la victime. Le médecin a ajouté très sérieusement qu’"arriver à prouver que l’on a commis un crime, c’est faisable mais arriver à prouver que l’on ne l’a pas commis, ce n’est pas évident". S'est-il incriminé à la place d’un de ses enfants? 

Tamioc ?

Les constations ont permis de mettre en évidence l’utilisation d’une arme piquante et tranchante. La plaie de la victime, au niveau de la jambe, mesurait six centimètres de long. L’artère fémorale sectionnée a entraîné le décès. L’accusé se serait positionné à sept mètres de lui. Les constatations, selon les experts, ne semblent pas coïncider avec les déclarations du mis en cause lors de la reconstitution. Ils n'ont pas pu affirmer formellement que l’arme des coups mortels, qui n'a pas été retrouvée, était un tamioc.

Zones d’ombre 

Bref, des zones d’ombre sont apparues. 

  • Quels rôles l’accusé et l’un de ses fils ont-ils réellement joué le soir du drame ? 
  • La mésentente de la victime avec sa belle-famille n’est-elle pas à l’origine des faits qui se sont déroulés dans la nuit du 1er au 2 février ? 
  • Quelle est l’arme du crime ? 
  • Et finalement, est-ce que l’accusé s’accuse à la place de l’un de ses enfants ? 


En fin de journée, le jury s'est retiré pour délibérer. Pour coups mortels avec arme, l’accusé encourait jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle. Depuis l’année des faits, il a connu seize mois d’incarcération au Camp-Est. Sans visite de ses proches. Suite à sa libération, il vit sous contrôle judiciaire à la tribu de Bondé, isolé de ses cinq enfants et de ses petits-enfants. Le voilà acquitté.

Le compte-rendu de cette journée avec Natacha Lassauce-Cognard : 

Retour sur la journée d'assises concernant le jugement d'une affaire de coups mortels, survenus à Ouégoa il y a deux ans. ©nouvellecaledonie