Devant la mairie de Ouégoa, une cinquantaine d’habitants. Ce lundi matin, ils expriment leur sentiment, d’être abandonnés par les pouvoirs publics. Depuis le début du mois, plus de médecin au dispensaire. Seule solution pour se soigner, une heure de route jusqu’à Koumac, lorsque c’est possible. "Il y a pas mal de gens qui n’ont pas de véhicules", signale Max Alebate, un riverain. "Ce sont eux qui sont le plus embêtés."
Si je suis malade, moi j’ai les moyens d’aller en voiture à Koumac ou à Koné. Mais ici il y a plein de gens qui n’ont pas de voiture pour se déplacer. Comment ils font ? On les laisse mourir ?
Marise Leroy, habitante de Ouégoa
Rencontre avec les pouvoirs publics
Dans la salle du conseil municipal, la province Nord essaie tant bien que mal d’apporter des réponses. Manque d’attractivité des commune pour les médecins métropolitains, enclavement géographique et incivilités récurrentes. Un cocktail qui, selon la collectivité, n’attire pas les postulants.
On est confrontés à cette problématique de pénurie, ici dans la commune de Ouégoa, comme en province Nord, comme en Nouvelle-Calédonie, même à un niveau national. Il faut qu’on vienne leur expliquer cette pénurie de médecins et surtout comment on s’organise pour [y] pallier, pour que la population du Nord puisse avoir une continuité d’accès aux soins.
Valentine Eurisouké, vice-présidente de la province Nord
Risque
Un accès aux soins sans doute compromis dans les prochain mois, pour certains malades. 127 ordonnances pour traitement chronique sont à renouveler, selon cette professionnelle de santé. D’après elle, une mauvaise gestion et des fins de contrat des médecins pas assez anticipées peuvent mettre en danger les populations le plus fragiles.
Est-ce que les médecins et l’hôpital de Koumac seront assez nombreux pour absorber cet afflux de population ? Parce que d’ici dix jours, il n’y a par plus non plus de médecins sur Pouebo. Ça fait deux communes, 4500 personnes environ.
Marie-Christine Cacot, pharmacienne
Permanences
Et au delà des traitements chroniques, il y a les formes aigües. Un enfant qui fait une crise d’asthme en pleine nuit, un accident de la route… Dans le dispensaire de Ouégoa, le médecin de 70 ans parti en fin de contrat pourrait bien revenir en novembre. Si et seulement si une doublure lui est proposée. D’ici là, une permanence sera mise en place chaque jeudi pour permettre un accès aux soins sans avoir à se déplacer à Koumac.
Développé dans "Questions pays"
Lundi midi, l’émission radio Questions pays de Claudette Trupit était consacrée à cette problématique du manque de médecins. Au téléphone, Gisèle Makone, secrétaire générale de la province Nord en charge de la santé, justement à propos de Ouégoa. Autour de la table en studio, Jean-Baptiste Friat, directeur de la DASS en province Sud, Bruno Calandreau président de l’ordre des médecins et Sébastien Mabon, médecins de la DASS-NC. Une émission à réentendre ici.