A Poindimié, la délinquance interroge

Alors que des vols sont constatés en cette période de vacances scolaires dans la région de Poindimié, habitants et coutumiers cherchent des réponses pour endiguer le phénomène.

Habitante du village de Poindimié, Christine, 69 ans raconte l’agression qui lui vaut aujourd’hui d’avoir la jambe dans le plâtre : « J’étais sur Internet en train de discuter, j’avais laissé une porte entre-ouverte. Il devait être 23h30-minuit, j’ai entendu du bruit dans la maison et je me suis déplacée pour aller voir ce qui se passait. J’ai vu deux silhouettes. Ils m’ont fait tomber par terre, après ils m’ont donné des coups de pied dans le genou ce qui fait que j’ai une jambe cassée. » Et ce n’est pas la première fois que son domicile est ainsi visité : Christine a en effet déjà été victime d’une intrusion il y a deux semaines.

Des actes de délinquance qui surviennent principalement en période scolaire selon un élu municipal et qui n’épargnent pas les tribus.

Jennifer habite à Tibarama : « J’ai été victime de vols à plusieurs reprises depuis 2016. Généralement, ils volent de la nourriture, du matériel informatique ou des objets du quotidien », raconte la jeune femme qui tente à sa manière de lutter contre le phénomène, en organisant par exemple un « chantier graf » destiné à ces jeunes en perdition. 

Face à cette situation, des coutumes de pardon ont été organisées avec les familles des auteurs et des punitions prononcées. 

Plus généralement, les coutumiers du district de Wagap ont organisé des rencontres sur le sujet avec les maires des communes voisines, les gendarmes et le personnel de santé et les coutumiers de Poindimié.

Comité de suivi

La plupart des auteurs de vols viennent d'autres communes selon Pierre Lepeu, un habitant de la tribu de Wagap, qui estime que les coutumiers doivent réagir : « Les jeunes sont délaissés par nous, coutumiers kanaks, par la société dans laquelle nous vivons […]. A quel moment, on leur a appris le sens du bien et du mal ? Nous coutumiers, nous devons donner l’exemple. »

Les jeunes sont délaissés par nous coutumiers kanaks, par la société dans laquelle nous vivons […]. A quel moment, on leur a appris le sens du bien et du mal ? Nous coutumiers, nous devons donner l’exemple.

Pierre Lepeu

 

Pierre Lepeu dénonce également le comportement de certains parents, qui ferment les yeux sur les actes commis par leurs enfants 

Un comité d’accompagnement de suivi des actions de prévention a été mis en place et des actions lancées, dont une tournée d’information dans les tribus, notamment pour faire comprendre que les vols commis contre les personnels médicaux et ceux des établissements scolaires pourraient rendre le recrutement de ceux-ci très difficile à l’avenir.

Parmi les autres mesures actées, la création de pépinières dans chaque tribu afin d’occuper les jeunes, ainsi qu’une rencontre avec les jeunes qui errent dans le village.
 

Le reportage de Marguerite Poigoune