"Les vacances, on ne les passait pas devant la télé : on apprenait à pêcher, on faisait le travail de la famille et de la tribu… Tout se méritait. [...] Les plus beaux souvenirs, c’était les parties de pêche avec papa, à l’épervier pour les mulets, ou l’apprentissage du tressage, ce que je n’ai jamais vraiment réussi parce qu’il faut beaucoup de patience !" Ses souvenirs d’enfance à la tribu de Tiabet évoquent une certaine nostalgie, mais aussi quelques-unes des valeurs cardinales qui guideront Éliane Dahma au long de son parcours : l’humour, l’énergie, le plaisir des échanges et du travail en collectif.
Sa carrière débute au Relais de Poingam, dans le grand Nord calédonien. Encouragée par les gérants, Éliane y cumulera les casquettes : baby-sitter, femme de chambre, serveuse, puis réceptionniste, au contact de touristes venus d’Australie, des USA ou du Japon…
Car là-bas, la passion de la pêche à la mouche appâte des passionnés capables de faire des milliers de kilomètres pour taquiner le bonefish du côté de Boat Pass. Pour mieux échanger avec cette étrange faune, pas toujours francophone, Éliane aspire à se former en anglais. Ainsi quitte-t-elle le Caillou pour la première fois, ciblant une formation en écotourisme en 2004 en Nouvelle-Zélande. "J’ai annoncé à ma famille que je partais une semaine avant que je prenne l’avion. [...] Quand j’y repense aujourd’hui, je m’étais lancé dans quelque chose parce que je voulais réussir, même si je ne savais pas trop où j’allais !"
Une carrière dans l'hôtellerie
Quatre ans plus tard, Éliane récidive… mais cette fois, direction l’Australie. Après avoir cravaché pour obtenir, à côté du travail au Relais, un DAEU (Diplôme d’accès aux études universitaires), la jeune femme obtient une bourse australienne pour un Bachelor en Gestion touristique et hôtelière à Melbourne. À l’aise comme un wallaby dans le bush, elle vivra quatre ans et demie dans l’État de Victoria. À côté de ses cours, elle travaille comme serveuse pour un club très select, l’Athaneum Club de Melbourne. "C’est un club qui accueille les littéraires et les scientifiques, très high society ! Là on rencontre des personnes qu’on n’imaginerait même pas. Ça a été une très belle expérience. Parmi les extras dans le personnel, il y avait des jeunes de partout. C’était très carré, que ce soit pour l’employé, le client, la direction. On est dans un cadre rigide... mais sensé !"
En 2014, Éliane regagne son Caillou natal, sans pour autant quitter tout à fait l’Australie ! À son retour, elle occupe en effet le poste de gouvernante de la résidence consulaire australienne, à Nouméa. "Des liens se sont créés avec la famille de Madame la Consule, alors que c’était sa dernière année ici." En 2015, Éliane Dahma retrouve cependant son "établissement de cœur", cette fois pendant quatre ans comme responsable d’exploitation. Une manière de boucler la boucle, passée par tous les postes ou presque du Relais !
Attachée à sa province d’origine, la nouvelle directrice d’exploitation de deux hôtels sur Koné poursuit son chemin professionnel. Mais elle ne peut demeurer indifférente à la fermeture récente, fin 2021, du Relais de Poingam suite à de multiples vols et actes de vandalisme. "J’ai tout appris du métier que je pratique sur le tas, avec les personnes qui étaient là. Quand il a fermé l’an dernier, c’était un gros pincement au cœur."