Quelles solutions pour les agriculteurs en période de surproduction ?

Stocker en attendant un meilleur prix d'achat ou vendre au public : chacun sa stratégie.
A Pouembout, le plus gros bassin agro-pastoral de Nouvelle-Calédonie, la grogne monte doucement, ces dernières semaines. Si la production est excellente, les prix des fruits et légumes dégringolent, ce qui met en difficulté les agriculteurs. Certains ouvrent leurs parcelles au public, quand d’autres préfèrent stocker en attendant une remontée du prix d’achat par les grossistes.

Il chemine dans les rangées d'oignons. Le regard rivé au sol pour inspecter les bulbes séchés au soleil. Olivier Le Marrec, agriculteur à Pouembout, fait partie de ceux qui ouvriront leur exploitation au public samedi. Une vente directe du producteur au consommateur, qu'il définit comme une "attention citoyenne". "On parle de banque alimentaire aujourd'hui. Le circuit court existe à Païta. Pourquoi on ne ferait pas [la même chose] dans le Nord ?"

Diminuer les pertes

Une problématique de stockage s'impose à Olivier Le Marrec. Ouvrir son champ, c'est une alternative pour ne pas récolter lui-même à perte, quitte à casser le prix au kilo de l'oignon. "Si je viens avec mes machines, je vais les abîmer, ces oignons. Mais on peut en profiter encore, à condition de les ramasser à la main." À 100 francs le kilo, est-ce qu'il rentre dans ses frais ? "Non. Mais c'est pour diminuer nos pertes, qui sont importantes."

Plus loin dans les plaines de Kundi, à Pouembout, Frantz Marlier, jeune agriculteur de 26 ans, ramasse ses pastèques. C'est une bonne récolte, peut-être trop bonne. Mais pour rentrer dans ses frais, il lui faudra vendre ailleurs que chez les grossistes. "On a autre chose à faire que de se mettre au bord de la route le week-end pour vendre nos légumes. Ce n'est pas une solution. Il existe des grossistes, pour acheter en quantité."

Diversifier les marchés

Dans ses entrepôts, Frantz Marlier a entreposé cent tonnes d'oignons. Il ne sait pas comment les écouler. Il a dû diminuer sa masse salariale, et rogner sur les machines. La production d'un kilo d'oignon lui revient à 315 francs, lorsque les grossistes le lui achètent à 150 francs. Une réalité qui interpelle les plus anciens dans la commune, comme Axel Billet, inquiet pour une génération qu'il estime délaissée. L'ancien élu de la chambre d'agriculture l'affirme : le problème est plus profond qu'une affaire de prix.

"Cette année on a une production exceptionnelle. Le problème, c'est que les prix ont chuté, et la filière n'est pas organisée, tout simplement. La solution ça n'est pas de baisser les quotas de production, mais d'essayer de trouver d'autres marchés. C'est la direction de l'Ocef qui décide de ça." En 2022, l'agriculture calédonienne souffrait de pénurie. Cette année, la surproduction menace les producteurs et leur rentabilité.