KNS: «voir ces deux fours couler, c’est que du bonheur»

Le 15 décembre, le four numéro 2 de KNS déversait sa première coulée de métal fondu. L’épilogue de trois ans de doute, pour l'usine du Nord, aprés la réparation de ses deux fours. Deux employés témoignent.
Une coulée de nickel sort du four numéro 2. Après dix mois de travaux, voilà ce qu’attendaient les 800 employés de KNS, dont 700 sont des Calédoniens. Jean-Pierre Wadra forme les opérateurs de coulée pour l’usine du Nord depuis quatre ans. «C’est une grande fierté pour nous, pour Koniambo, surtout pour tous les couleurs qui sont ici, réagit-il. Ça prouve que malgré tous les soucis qu’on a eus, on est capable de relever des gros défis. Voir ces deux fours couler, c’est que du bonheur, pour nous.»

La fuite du 26 décembre 2014

Un soulagement, après trois ans d’incertitude. Le 26 décembre 2014, le four numéro 1 présente une fuite de métal. Jean-Pierre se souvient très bien de cette journée. «Quand on est arrivés le soir à la prise de poste, et qu’on n’est pas montés directement sur les modules, on a su qu’il s’était passé quelque chose de très important.»

Jean-Pierre Wadra, formateur sur le four.

Détruire, et reconstruire

L’autopsie du four numéro 1 permet de déceler les causes de l’accident : problème de maintenance et surtout, de conception. Pas le choix, il faut détruire et reconstruire les deux structures, l’une après l’autre.

Coulée de nickel au four numéro 2 de KNS, image d'archives.

Licenciements

Au four numéro 1, qui a repris du service en janvier 2016, Hélène Waru relève des mesures pour ajuster les réglages. Elle est employée chez KNS depuis 2013. Pour elle aussi, cette période a été difficile. Surtout avec la série de licenciements qui a suivi.

Hommage

«Il y a eu beaucoup d'inquiétude, on a culpabilisé, confie-t-elle. C'était douloureux parce qu'on a eu pas mal de collègues qui sont partis. Nous, on est restés, et ce travail-là, c'est surtout pour eux, parce qu'ils sont partis pour qu'on puisse démarrer le four 2. Et on l'a fait. C'est un succès pour nous, mais c'est un succès, aussi, pour la mémoire de ceux qui sont partis.»

Hélène Waru, opératrice polyvalente.

Soudés

Hélène et Jean-Pierre l’affirment, ces trois ans de doute ont soudé les employés et prouvé leur attachement à cette usine du Nord symbole du rééquilibrage. «Les vieux se sont battus pour que cette usine soit debout aujourd'hui, insiste Hélène. Quand je suis arrivée, ici, elle était en construction. Le fait qu'elle soit en opération et que je côtoie les premières coulées, c'est un rêve qui devient réalité.» A présent que les deux fours fonctionnent, l’objectif, pour KNS, est de produire entre 50000 et 60 000 tonnes par an.

Le reportage de David Sigal
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