A Boulouparis, le projet d'une usine d'explosifs inquiète

La manifestation a eu lieu devant la mairie, avec force panneaux, et un cheval.
Des promoteurs envisagent d’installer une usine de fabrication et de stockage d’explosifs à Boulouparis. Certains riverains de Bouraké et de la Ouaménie s’y opposent. Ils se sont regroupés ce mardi matin devant la mairie pour dire leur crainte d'une catastrophe industrielle, et leur refus de voir disparaître des terres agricoles. Le maire de la commune se dit également opposé au projet.

Installer une usine de fabrication et de stockage d’explosifs près de leurs habitations, leurs troupeaux et leurs cultures ? Environ 80 personnes se sont réunies devant la mairie de Boulouparis, ce mardi matin, pour exprimer tout le mal qu’elles pensent de cette idée.

Manifestation contre un projet à Boulouparis, Pascal Vittori, par Julie Straboni

Plan d'urbanisme directeur

L’association de défense des riverains de Bouraké et de la Ouaménie a mobilisé pour montrer sa résistance. Elle demande à ce que le plan d’urbanisme directeur communal soit respecté. "Les terres agricoles ne sont pas pléthore. Tout la propriété [concernée], contrairement à ce qu'ont voulu nous faire croire les promoteurs, est entourée de propriétés agricoles", pointe son président, Patrick Garrier. "On ne veut pas avoir des risques, pour nous, pour nos enfants, et des terres agricoles qui sont bradées pour l'industrie."

Manifestation contre un projet à Boulouparis, Patrick Garrier, par Julie Straboni

Ce projet, on n'a rien contre au niveau économique. La grosse difficulté, c'est qu'il a été installé sur une terre agricole.

Patrick Garrier, association de défense des riverains de Bouraké et de la Ouaménie

Carte des terres agricoles exploitées dans le bassin de la Ouaménie.

"Epée de Damoclès"

Le projet place l’usine sur une crête surplombant trois bassins versants, à deux kilomètres de la rivière Ouaménie. Dans cette région, on élève du bétail, on produit des céréales, des légumes, des fruits et du fourrage. Que deviendra ce grenier en cas de catastrophe industrielle ou naturelle ? "Pour moi, c'est aberrant d'aller installer une usine chimique au milieu d'une zone agricole", appuie Pascal, un riverain. "La fabrication d'explosifs amène un risque. On se retrouve avec une épée de Damoclès. Même si le risque est très faible. Mais comme dit la Dimenc, le risque nul n'existe pas."

Avis défavorables de la mairie

Le conseil municipal a émis deux avis défavorables à ce sujet. "C'est un projet qui veut s'installer dans une zone agricole, alors qu'il s'agit d'une usine de fabrication d'explosifs destinés à la mine. Si j'acceptais qu'un projet comme celui-là se fasse en zone agricole, n'importe qui pourrait faire n'importe quoi, n'importe où dans la commune et ça, ça n'est pas acceptable", déclare le maire, Pascal Vittori. "Si on fait des PUD, c'est pour organiser les choses. On a eu une demande de permis de construire, pour laquelle j'ai émis un avis défavorable. Nous sommes aujourd'hui en procédure d'enquête publique pour le classement en installation classée pour la protection de l'environnement et la province Sud doit rendre son avis."

Manifestation contre un projet à Boulouparis, Pascal Vittori, par Julie Straboni

Pour moi, ça ne sert pas l'intérêt général à Boulouparis. Je pense qu'une telle installation doit être dans une zone spécialement attribuée aux exploitations minières. Si les autorisations étaient données, j'attaquerais les décisions au tribunal administratif pour les faire annuler. 

Pascal Vittori, maire de Boulouparis

Réunion, enquête et pétition

Mi-juillet, une réunion publique a été organisée par les porteurs du projet afin de présenter la démarche à la population. L’enquête publique se termine le vendredi 5 août, en mairie, mais la documentation peut être consultée ici. Pour être précis, elle concerne "l’exploitation d'un atelier de fabrication de matrice et explosifs encartouchés" et le "stockage de produits explosifs par la société Explo NC située, lot n°39, section Oua Tioli, lotissement rural Scipo, commune de Boulouparis".

Le rapport du commissaire enquêteur permettra à la province de rendre son avis sur ce dossier. En attendant, une pétition a été lancée en ligne sur change.org. Mardi 2 août à 20 heures, elle enregistrait 738 signatures.

Le reportage de Julie Straboni et Claude Lindor : 

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