"Il y a une volonté de nuire à l’entreprise", estime le gérant d'une station-service de Boulouparis

Impossible de rater le piquet de grève en passant sur la RT1
"Licencié pour un pain au chocolat", "départ du gérant sans condition" : depuis le jeudi 4 janvier, des banderoles accueillent les automobilistes qui font une halte dans une station-service de Boulouparis. C'est le quatrième mouvement de grève observé dans ce commerce depuis son ouverture, en novembre 2022.

Dans le bâtiment, les salariés vaquent à leurs occupations. En face des pompes à essence, des tivolis semblent installés pour rester. Bernard Bellier, membre de la FSTCE, la Fédération syndicale des travailleurs calédoniens exploités, fait les cent pas à l'extérieur. La centrale soutient deux anciens employés, récemment licenciés pour faute grave. Mais il y a d'autres problèmes, selon Bernard Bellier : "Le premier point, c'est que des habitants de Boulouparis devaient être embauchés en priorité. Il n'y a pas de travail chez nous, c'est une petite commune. Le deuxième point, c'est que deux personnes ont été licenciées après être montées au créneau pour dénoncer ce fait."

Le personnel est harcelé : les pompistes doivent aussi ranger les rayons, le dock... Ça leur évite d'embaucher.

Bernard Bellier, membre de la FSTCE

Embauche locale

"Sur douze emplois créés, deux viennent de La Foa et dix de Boulouparis, détaille l'un des gérants de la station-service, Maxime Jeulin. Ce quatrième mouvement de grève, depuis juin 2023, montre qu'il y a clairement une volonté de nuire à l’entreprise. Au début, on n'était pas encore très bien rodés du point de vue des ressources humaines. On a eu un premier blocage, et on s’est mis aux normes. Et depuis, ils ne nous lâchent pas. Dès qu’il y a le moindre truc, ils bloquent."

Les licenciements de deux pompistes, pour faute grave ? "L'un, c'est pour des absences répétées et injustifiées, l'autre pour vol", explique Maxime Jeulin. "Le personnel est harcelé, renchérit Bernard Bellier de la FSTCE. Les pompistes doivent aussi ranger les rayons, le dock, alors qu'ils sont pompistes ! Ça leur évite d'embaucher. S'ils veulent payer des gens polyvalents, ils peuvent, mais la gratification n’est pas la même. Tout le monde est payé au SMG, ici." "C'est comme ça dans toutes les stations du territoire, selon Maxime Jeulin. Ils ont signé des fiches de poste."

Normes de sécurité

"Et puis le gérant ne respecte pas les normes de sécurité : par exemple, les bidons doivent être mis par terre, mais il les remplit dans l’auto", critique Bernard Bellier. "On est déterminés parce qu’on n’a rien à se reprocher, affirme Maxime Jeulin. On est une entreprise, une station-service, scrutée par toutes les autorités possibles : tout ce qu’on fait, on le fait dans le droit. On est certes un peu épuisés par ces quatre mouvements de grève, tout comme les autres salariés non-grévistes sont fatigués de la situation."

C’est triste, mais on est un peu un os à ronger pour eux depuis un an.

Maxime Jeulin, gérant associé d'une station-service de Boulouparis

Médiation à la DTE

Le service médiation de la DTE, la direction du Travail et de l'emploi, reçoit les deux parties depuis quelques mois. Lors du troisième conflit, un protocole d'accord a été signé. Ce qui avait été acté a été mis en place. "Si on ne fixe pas de limite, ça devient la 'station de la bande', assume Maxime Jeulin. On ne peut pas gérer ça de cette manière. Il est absent, on licencie, on a le droit de le faire. C’est juste qu’on est une nouvelle station, sur la RT1, on est hypervisible, et ce syndicat a tout intérêt à s’afficher un maximum."

Lundi 8 janvier, le gérant associé annonce qu’il va porter plainte et demander l’évacuation du piquet de grève, au motif que les personnes mobilisées disent aux clients que la station est fermée.