Gendarmes pris à partie à Bourail, le parquet communique sur l'affaire

Une vidéo circule sur les réseaux sociaux.
Retour sur la nuit mouvementée de vendredi à samedi derniers, en plein village de Bourail. Trois gendarmes mobiles ont porté plainte. Une enquête a été ouverte pour violences volontaires, en réunion et avec arme, sans incapacité, sur personne dépositaire de l'autorité publique, ainsi que pour outrages et pour menaces de mort. Le jeune conducteur de la moto est sous le coup d'une interdiction partielle de sortie. Un homme de 21 ans a, selon le parquet, reconnu sa participation aux violences envers les forces de l'ordre.

Que s’est-il passé, dans la nuit de vendredi à samedi, au village de Bourail ? Ce jeudi à la mi-journée, NC la 1ère évoquait l’épisode, dans lesquels des gendarmes ont été aux prises avec un groupe de personnes, ainsi que la vidéo qui circule à ce propos sur les réseaux sociaux. On y voit notamment un homme à terre près d'une moto.

Et voilà que le procureur de la République diffuse un récit détaillé des faits. Dans un communiqué envoyé ce soir, Yves Dupas explique qu’une enquête est diligentée par la brigade de Bourail, "du chef de violences volontaires sans incapacité de travail sur personne dépositaire de l'autorité publique en réunion et avec arme". 

Pour "contrôle d'identité"

"Le 19 mai 2023, vers 22 heures, une patrouille constituée de trois gendarmes mobiles du détachement de surveillance et d’intervention de Bourail tente de procéder à une opération de contrôle d’identité, place Blidy, à Bourail, écrit-il, suite au regroupement d’une quinzaine d’individus, manifestement alcoolisés  et assez vindicatifs, qui refusent de donner leur identité et profèrent des insultes à l’égard des gendarmes. Finalement, au vu de l’état d’excitation des intéressés, par ailleurs en nombre, les gendarmes décident de ne pas insister davantage."

"Vers 23h30, poursuit le procureur, la patrouille repère le conducteur d’une moto, circulant en direction des individus regroupés sur la place, en faisant rugir son moteur. Vers 23h45, la patrouille tente de contrôler ce conducteur de la moto, alors qu’il circule  sur la RT1. Le conducteur refuse d’obtempérer, en dépit de l’usage par les gendarmes des signaux lumineux et sonores. De manière à assurer sa fuite, il fait demi-tour et accélère  en reprenant la direction du centre-ville." 

La moto "percute un véhicule en stationnement"

Toujours d'après Yves Dupas, "la patrouille décide alors de suivre la moto, qui se trouve à une distance de 300 mètres." Les gendarmes constatent que le conducteur du deux-roues percute, par l’arrière, un véhicule en stationnement sur la voie publique, ce qui provoque la chute du motard sur la chaussée. "En arrivant sur les lieux, continue-t-il, un gendarme tire le conducteur de la moto pour le mettre en sécurité sur le trottoir, en l’éloignant de la route. Immédiatement, trois individus viennent au contact de la patrouille en les insultant  et les menaçant de mort. Des objets (pierres notamment) sont jetés en leur direction. Deux individus tentent de donner des coups de pied à l’un des gendarmes."

"Contexte d’agression"

"C’est dans ce contexte d’agression que les gendarmes utilisent un diffuseur de gaz lacrymogène ainsi que deux grenades pour se protéger et freiner l’action des agresseurs présumés." D'après le récit transmis par le procureur, "un individu porte des coups de pied au niveau de la carrosserie du véhicule des gendarmes avant qu’ils ne  parviennent à quitter les lieux". Quant au conducteur de la moto, il "sera rapidement pris en charge par les pompiers, puis au dispensaire, avant d’être évacué au Médipôle".

Les avancées de l'enquête

Le lendemain, ce jeune homme de dix-sept ans et demi, habitant Kouaoua, avec des antécédents judiciaires, a été placé en garde à vue pour refus d’obtempérer. Il a été "placé sous le régime d’une interdiction judiciaire de sortie de 22 heures à 6 heures". Lors de son audition, indique Yves Dupas, il a indiqué ne pas connaître les auteurs des violences commises sur les gendarmes. 

Suite de l'histoire deux jour plus tard : lundi 22 mai, un jeune adulte, de 21 ans, pour sa part originaire de Houaïlou et placé en garde à vue pour un vol de véhicule, "a reconnu sa participation aux faits de violence sur les gendarmes. Il est également prévu d’interpeller deux autres auteurs présumés domiciliés à Moindou." Enfin, à ce stade, les investigations se poursuivent.

Peine encourue

Le même communiqué le précise, "les trois gendarmes mobiles, qui ne présentent pas de blessures, ont déposé plainte pour violences aggravées, outrages et menaces de mort. La propriétaire du véhicule percuté par le conducteur de la moto a également déposé plainte. Les auteurs présumés des violences aggravées encourent la peine de dix ans d’emprisonnement."

"Aucun contact" entre le véhicule des gendarmes et la moto

"Au regard des éléments de la procédure, insiste le procureur, la chute du conducteur de la moto est consécutive à une perte de contrôle du véhicule, consécutive à une vitesse inadaptée dans une action délibérée de fuite, et ce, sous réserve des résultats de l’analyse toxicologique en cours sur prélèvement sanguin réalisé sur le conducteur. Le véhicule de la patrouille de la gendarmerie n’a eu aucun contact avec la moto, en pratiquant un suivi à distance, dans une action qui ne caractérise pas une configuration de course-poursuite."

Le parquet entend souligner la gravité de cette agression commise  à l’encontre des gendarmes qui accomplissaient leurs missions à Bourail, au service de la protection des citoyens, de leur sécurité et dans le respect de la loi républicaine. L’action du gendarme consistant à protéger  le conducteur de la moto, en le plaçant sur le trottoir, mérite d’être soulignée et saluée.

Yves Dupas, procureur de la République, le 25 mai