Chronique du nickel : il pleut sur Amsterdam

Conteneurs de ferronickel calédonien Eramet-SLN à Anvers en Belgique.
Le nickel est dans le rouge depuis lundi. Il enregistre cinq séances consécutives de baisse avec un prix plancher de 11.625 dollars la tonne, un niveau au plus bas depuis le 24 janvier dernier. La guerre commerciale se poursuit et l'Indonésie pourrait saturer le marché.
 
Le prix du nickel au LME ne devrait pas retrouver le seuil des 13.000 dollars la tonne en 2019, selon des analystes qui se sont exprimés à la Conférence internationale du nickel organisée par le Metal Bulletin (Fastmarkets.) Et les prix pourraient même chuter à 11.250 dollars la tonne en fin d’année prévoit Colin Hamilton, directeur général de BMO Capital Markets, un important acteur financier du marché. D’autres analystes étaient toutefois moins pessimistes n'hésitant pas à spéculer sur une remontée des cours "avec une probabilité de 30 %" qui n’est pas trés élevée...
  
Amsterdam, capitale du nickel

D'autres informations ont circulé pendant la conférence qui s’est tenue dans la capitale des Pays-Bas, ainsi on apprenait que l'Indonésie pourrait représenter 40 % de l’offre mondiale de nickel dans 4 ans, contre 29 % cette année. Même l’annonce d’une diminution des exportations des Philippines en 2019, l’industrie minière subissant de nouvelles taxes et pressions environnementales, n’a pas suffi à remonter le moral des investisseurs, négociants et producteurs présents au Hilton Amsterdam. La reprise de l'offre de minerai de nickel indonésien et le potentiel d'approvisionnement à un coût réduit de la Chine par des alliages de nickel d'Indonésie ont assombri les perspectives du marché.
 

"Cette hausse probable de l’offre et donc des exportations indonésiennes a douché les espoirs d’une remontée rapide des cours du nickel."

Alastair Munro, analyste de Marex Spectron


Pessimisme relatif
Alors que la demande de nickel du secteur mondial de l’acier inoxydable a presque doublé pour atteindre près de 40 millions de tonnes au cours de la dernière décennie et que la réduction des stocks reste bonne, avec 164.052 tonnes dans les entrepôts du LME, leur plus bas niveau en sept ans, les fondamentaux du marché ne sont pas suffisamment rassurant pour doper les prix du nickel. Même l’avènement des véhicules électriques et l’augmentation attendue de la demande de batteries riches en nickel, avec une croissance du marché à deux chiffres en 2025, n’a pas amélioré le moral des participants…

Recul
Le cours du nickel a donc reculé cette semaine sur le London Metal Exchange, affecté vendredi par des données moins bonnes que prévu sur l'emploi américain qui font craindre pour la croissance mondiale. Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont été très inférieures aux attentes en mai, les employeurs mettant un frein à l'embauche face aux incertitudes sur l'économie mondiale et sur les effets de la guerre commerciale. Depuis deux mois, les métaux souffrent en effet de ces tensions, qui menacent d'affecter l'activité industrielle, et donc la demande de métaux de base.

Australie
Une fois n'est pas coutume, le plomb, métal au marché bien plus petit que le cuivre, l'aluminium ou encore le nickel, a retenu l'attention des investisseurs, alors que son cours monte sur la semaine, à contre-courant des grands métaux. "La fonderie de plomb de Port Pirie (Australie) est hors service, voilà l’explication" ont commenté les analystes de la banque ING à l’AFP. L'opérateur du site, le groupe Nyrstar, est le premier producteur mondial de plomb et de zinc.

A Londres le cours du nickel est en baisse de 3,07 % sur la semaine. Le métal perdait 0,39 % vendredi soir à Londres, il s’échangeait à 11.625 dollars la tonne, soit 5,27 dollars par livre.