Crise en Nouvelle-Calédonie : à Nouméa et au Mont-Dore, les voisins vigilants restent mobilisés sur les barrages

À Nouméa, des citoyens restent mobilisés sur leurs barricades érigées pour défendre leurs quartiers.
Des hommes et des femmes de tous âges se sont mobilisés depuis le 13 mai pour défendre leurs quartiers, leurs familles, leurs biens et leurs commerces. Ils restent vigilants tant qu’ils ne se sentent pas en sécurité.

Des citoyens "ordinaires" ont bravé le couvre-feu et l’état d’urgence pour protéger leurs biens, leurs familles, leurs quartiers. Plus de deux semaines après le début des émeutes le 13 mai, ils sont encore mobilisés sur leurs barricades de fortune, véritables barrières d'auto-défense. Rencontres à Nouméa et au Mont-Dore. 

À Nouméa

Au 18e jour du mouvement de violence, les barricades érigées dans les quartiers par des voisins vigilants de Nouméa étaient toujours là. Des barricades montées à la hâte puis renforcées et décorées au fur et à mesure des jours qui passent. 
L’incertitude est toujours là. Comme la défiance. Elles obligent à tenir bon malgré l’épuisement, alors la détermination reste sans faille. 

On est entourés par des quartiers où beaucoup de choses se sont passées. On a la chance, nous, d’avoir le quartier qui a été relativement préservé du fait d’une mobilisation de l’ensemble de la population dès le départ, pour protéger l’ensemble des habitations des voisins et la supérette qui nous reste.

Un riverain sur une barricade


En raison de l’insécurité, les citoyens vigilants ne libèreront pas les accès à leur quartier. Pour pouvoir lever les barrages, il faudra “une remise au calme, un sentiment de sécurité que l’on n’a pas actuellement parce qu’on a un peu l’impression d’être abandonnés par tout le monde, et là, on pourra lever le barrage”, explique une voisine de surveillance. “Mais tant qu’on n’aura pas cette sécurité, on restera mobilisés tous ensemble”. 
Près de trois semaines après le début d'actes d'une violence inouïe, l’État semble encore s’appuyer sur cette mobilisation citoyenne, ce qui interroge sur sa capacité à assurer la sécurité des Calédoniens. 

Le reportage d’Aiata Tarahu et Christian Favennec

BARRAGES VOISINS VIGILANTS ©nouvellecaledonie

Au Mont-Dore

Au Mont-Dore aussi, les habitants redoublent de vigilance en l’absence des forces de l’ordre. Jour et nuit, ils se relaient pour assurer la défense de leurs maisons et la protection de leurs familles. 

Il y a encore quelques jours, ils menaient une vie normale. Désormais, ce sont ces hommes qui surveillent et sécurisent les entrées principales de leur quartier. Avec des pneus, des planches, et de l'électroménager, ils ont érigé depuis maintenant 18 jours des barrages de fortune pour stopper les émeutiers. A certains endroits, des barricades de plus d’un mètre sont même élevées. Pour rester discrets car les menaces de représailles sont bien réelles, confient ces habitants désabusés. 

Tous sont épuisés, mais déterminés à assurer leur propre sécurité. Pas question pour eux de lever les barrages, pour le moment. Le risque, disent-ils, c’est que les jeunes viennent voler et incendier les maisons. 


Dans ces groupes de voisins vigilants, quelques femmes sont aussi mobilisées. Elles s’occupent essentiellement du ravitaillement. Café, nourriture… de quoi tenir et se réchauffer. 

A la nuit tombée, les habitants se relaient. Ils sont plus nombreux le soir, car beaucoup ont repris le travail. Leur présence, mais aussi les chicanes sur les routes, ont de quoi exaspérer certains riverains. 
Qu’importe, tous ici assurent qu’ils continueront de monter la garde, tant que les forces de l’ordre n’auront pas sécurisé leurs quartiers. 


L’un des habitants mobilisés chaque nuit témoignait ce matin dans la matinale radio de NCla1ère :