Assassinat en septembre 2019 à Dumbéa : les accusés ont été interrogés par la cour d’assises

Eléments du procès aux assises.
En 2019, à Dumbéa, un père de famille chauffeur de taxi était retrouvé dans sa cuisine lardé de coups de couteau. Les trois accusés étaient interrogés, ce mercredi, par la cour d'assises de la Nouvelle-Calédonie, sur leur participation au crime. Une audience qui a été mouvementée, ce matin : deux suspensions ont été décidées après des altercations entre les différentes parties.

Au troisième jour du procès en assises, les accusés sont entendus par la cour. Interrogés par la présidente, ils reviennent sur les faits qui se sont déroulés le 25 septembre 2019, à Dumbéa.

Les faits

En début de matinée, ce jour-là, les pompiers de la commune interviennent sur un feu dans une maison. L'incendie révèle une scène de crime : un homme est retrouvé mort avec de nombreuses plaies sur le corps, dues à 22 coups de couteau. La victime est un chauffeur de taxi, un quadragénaire père de quatre enfants. Après neuf mois d’enquête par les forces de l’ordre, trois personnes sont interpellées: la concubine de la victime, l’amant de cette femme et un jeune, mineur. Ils sont tous les trois accusés d’assassinat : d’avoir volontairement donné la mort avec préméditation. 

La quatrième personne

Entendue à la barre ce mercredi matin, une quatrième personne est accusée de ne pas avoir dénoncé les faits. Une infraction pénale qui sera, ou non, reconnue par la cour d’assises lors de ce procès. Cette femme, mère de famille et amie des trois accusés, témoigne quant à l’agressivité de la concubine de la victime. Interrogée par Me Martin Calmet, avocat de la partie civile c'est-à-dire la famille du défunt, cette quatrième accusée évoque même sa violence : "C’était un diable !" Et, toujours selon elle, la concubine de la victime a déclaré avant les faits "qu’il méritait de crever".

Interrogé par la présidente de la cour, le plus jeune des accusés, mineur au moment du drame, revient sur ces faits. Il reconnaît avoir porté des coups de couteau à la victime. Il reconnaît aussi avoir agi parce que la concubine lui a demandé "de lui donner une bonne leçon"

La concubine est-elle commanditaire ?

Le procès, prévu jusqu’à demain jeudi, devra faire toute la lumière sur la responsabilité de chaque protagoniste. Avec une question qui reste en suspend : la concubine de la victime a-t-elle commandité l’assassinat ? Elle a fait plusieurs signalements auprès des forces de l’ordre et de l’aide sociale à l’enfance concernant le comportement de l'homme, à propos de comportements inadaptés envers des enfants et de menaces. Des signalements qui ont tous été classés sans  suite par le parquet. Cette femme et son amant encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le jeune homme risque quant à lui vingt ans de réclusion.

Une audience mouvementée

L'audience s'avère mouvementée. Mercredi matin, deux suspensions sont décidées après des altercations entre les différentes parties (présidente, avocate générale, avocats)... 14 heures, le procès reprend avec l’interrogatoire de l’homme majeur accusé d’assassinat, l’amant de la concubine de la victime. En s’adressant aux parents du défunt, il déclare regretter son geste, tient à s’excuser, il déclare :

J’ai été pris dans ma bêtise et dans une fausse volonté de vengeance et de justice, j’assumerai toutes les conséquences.

L'un des accusés

Il dit aussi regretter d'avoir entraîné le troisième accusé, alors mineur.

Le récit de l'amant

Questionné par la présidente du tribunal, cet homme déclare que le 25 septembre 2019, il est parti chez la victime pour une expédition punitive. "En arrivant, mon intention était floue mais le passage à tabac était prévu." L’accusé a trouvé les couteaux au domicile. Il reconnaît que la concubine de la victime, sa maîtresse, avait plusieurs fois verbalisé son désir de voir son concubin "crever", en rappelant les déclarations passées de sa maîtresse qui accusait la victime de maltraitance et de gestes déplacés vis à vis des enfants. L’avocate générale lui demande : "Si la concubine de la victime n’avait pas insisté pour commettre l’irréparable, auriez-vous tué un homme ?". Lui, répond par la négative.

L'audition de la concubine

Suspension d’audience, puis la concubine est entendue à son tour. De quoi davantage cerner sa personne  et expliquer le rôle qu’elle a pu jouer en amont du drame. À la barre, elle ne reconnaît pas les faits, tout en assumant ce qui s’est passé. En s’adressant à la famille de la victime, elle demande pardon et dit que sa souffrance est grande. Elle ajoute avoir une pensée pour le plus jeune des accusés. 
Interrogée par la présidente de la cour, l’accusée reconnaît avoir eu des mots qui ont pu inciter son amant à agir à l’encontre de son concubin. Mais dit qu’elle n’a pas encouragé celui-ci à commettre le pire. 

Echanges houleux et déclarations

Un échange assez houleux débute entre les deux femmes. L’agacement se fait sentir chez les deux parties. Excédée, la présidente donne la parole à l’avocat de la partie civile. Me Calmet interroge à son tour l’accusée. Le ton monte, elle dit ne pas être une menteuse. Elle revient sur les signalements effectué à la police et l’aide sociale à l’enfance. L'avocat signale leur classement sans suite. A nouveau, l’échange tourne mal. Vu les propos tenus par l’accusée, Me Calmet, à son tour agacé, finira en disant : "Je jette l’éponge." Au tour de l’avocate générale de prendre la parole et d'enchaîner les questions à l'accusée, qui apparaît être un élément moteur de l’assassinat. "Oui, je savais que mon amant aller tuer mon concubin", déclare-t-elle. "Vous vouliez qu’il meure", "vous avez été le cerveau qui a allumé le feu chez les autres accusés", dit l’avocate générale. "Si je l’ai fait, c’est malgré moi", finira par lancer l’accusée.