Les établissements scolaires du Grand Nouméa ont été particulièrement touchés depuis le 13 mai et le début de la crise, en Nouvelle-Calédonie. C’est le cas du lycée Dick-Ukeiwë, à Dumbéa. Depuis, les cours ont repris et ce samedi 26 octobre 2024, le personnel et les élèves ont organisé une matinée portes ouvertes, de 8 heures à 11 heures.
L’occasion de présenter les formations dispensées au sein de l’établissement, mais aussi de rassurer les familles. Elles étaient environ 200 ce matin à se déplacer pour l'occasion. “La situation est aujourd’hui calme au lycée. On vient de terminer une semaine d’évaluation et les élèves étaient tous présents. On veut rassurer, en organisant cette journée portes ouvertes. Elle permet aux élèves de troisième, qui arriveront en seconde de découvrir le lycée, les options et les spécialités”, explique Isabelle Imbert, directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques.
Rassurer les familles
“On a vraiment ressenti ce besoin des familles de pouvoir venir dans l’établissement pour rassurer. Montrer que le lycée était toujours un endroit accueillant et ouvert. Et que le lieu est sécurisé”, indique de son côté Julie Tokouda, professeure de lettres classiques. “C’est aussi montrer que l’établissement est un lieu de valeur, qui mérite de ne pas être déserté au profit notamment des lycées placés dans les quartiers sud. On n’a pas une présence permanente des forces de l’ordre, mais des rondes sont effectuées régulièrement. On s’est toujours sentis bien accompagnés par les forces de l’ordre et par l’administration”, poursuit la professeure.
"Le cours d'histoire, c'est un lieu où l'on peut débattre"
Depuis la reprise des cours, au mois de juillet, les élèves sont d’ailleurs très impliqués dans leur cursus, notamment les terminales, qui doivent passer le baccalauréat. Une matière en témoigne : l’histoire- géographie. “Dès le début, les élèves avaient envie de reprendre une vie normale. Et ensuite, il y avait des temps de paroles. On attendait que cela vienne des élèves. En histoire-géographie, c’est un espace où tout peut se dire. Le cours d’histoire, c’est un lieu où l’on peut débattre, exprimer ses idées avec tolérance et empathie, mais tout peut se dire”, révèle Patrice Fesselier-Soerip, professeur d’histoire- géographie.
"On a senti qu'il y avait une mobilisation des élèves"
Il a fallu aussi libérer la parole, et mettre des mots sur ce qu'il s'est passé. "Avec les élèves de terminales, notamment. Nous évoquons dans le programme la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours et cette année, par rapport aux années précédentes, on a senti qu’il y avait une mobilisation de nos élèves, pour décrypter ce qui pouvait expliquer la situation d’aujourd’hui", raconte le professeur.
L'occasion de remonter l'histoire, pour tenter de comprendre les événements. "On a pu remonter depuis 1946 avec la situation politique, sociale, culturelle et économique du territoire, avec des dates ruptures : 1975, 1988 et s’interroger sur 2024. Est-ce qu’on est dans une rupture? Une continuité? Une remise en question du modèle? On a bien senti que les élèves étaient beaucoup plus motivés et attentifs".
Des étudiants visiblement plus attentifs à l'histoire du territoire. "Avant, la période des événements leur paraissait loin. Là, ils se sont rendu compte que ce que leur famille a pu vivre dans les années 80, ils l’ont vécu d’une autre façon cette année", poursuit Patrice Fesselier-Soerip.