Pic aux Morts : un accord "historique" met fin au conflit coutumier

Le GDPL Taku s’est opposé, durant plusieurs années, à un projet d’urbanisation sur ces terres jugées sacrées.
Les travaux de la Zac d’aménagement de Dumbéa-sur-mer devraient bientôt pouvoir reprendre. Un protocole d’accord a été signé jeudi 2 mars au soir entre la province Sud, la Secal et le GDPL Taku, mettant un terme à quinze ans de conflit foncier au pic aux Morts.

La signature de l’accord en a surpris plus d’un. Jeudi soir, dans le cadre solennel de la grande chefferie de la Conception au Mont-Dore, la province Sud, la Secal et le GDPL Taku ont mis fin au conflit foncier qui bloque le chantier de Cap Apogoti, dans la Zac de Dumbéa-sur-mer. Un site que la Secal aménage pour le compte de la province.

John Tindao, le président de l’aire Djubéa-Kapumë, le sénateur coutumier Hughes Vhemavhe, des représentants de la grande chefferie de la Conception et de celle du Pont-des-Français et du clan Tèe Waka assistaient à la cérémonie.

"C’est un accord historique qui met fin à 15 ans de conflit"

John Tindao, président de l’aire Djubéa-Kapumë.

Le pic aux Morts sera désormais classé en "espace à haute valeur écologique, culturelle et coutumière", précise la province dans un communiqué. Aucun aménagement ne pourra y être effectué. Au total, 52 hectares seront transférés au groupement de droit particulier local.

En échange, le GDPL Taku s’engage à libérer le site sous six mois maximum pour permettre la reprise des travaux d’aménagement de Cap Apogoti. Un projet pour lequel la Secal a engagé 17 milliards de francs avec la garantie de la province. Ce chantier est au point mort depuis 2018 et l’occupation du pic par une vingtaine de famille. Cap Apogoti doit accueillir 200 logements et un groupe scolaire.

"Il y a des déçus"

L’accord a surpris une partie d’entre elles : "il y a des déçus" confirme une habitante du site. Les intenses discussions entre les différents acteurs de ce dossier, mais restées discrètes en raison des dissensions qui opposent les membres du GDPL Taku.

Le mouvement de revendication foncière à Dumbéa-sur-mer, alors en plein boom, a été lancée il y a 15 ans par le clan Tèe Waka. Mais il a abouti, un an plus tard, en 2009 à la scission en deux GDPL en raison de dissensions internes : Waka pour le pic aux Chèvres, Taku pour le pic aux Morts.

Si les discussions ont abouties dès 2009 en ce qui concerne le pic aux Chèvres, celles concernant le pic aux Morts, de l’autre côté de la RT1, se sont rapidement enlisées.

Cette fois, l’accord semble bel et bien entériné. Mais il y aura certainement encore des discussions sur place pour aplanir les différends. Il y avait en tout cas urgence, une vingtaine de familles du pic aux Morts sont sous le coup d’une mesure d’expulsion depuis janvier dernier.

Un comité de suivi va être mis en place pour assurer la mise en œuvre de l’accord.