Aline Guillermin, une agriculture qui allie tradition et innovation

Aline Guillermin (à droite) présente son exploitation aux élèves de BTS du lycée agricole Michel-Rocard
À Farino, cette jeune agricultrice défend le bio et les cultures traditionnelles, mais aussi des procédés comme l’électro-culture. Elle vient d’être récompensée par des prix Innovation en agro-écologie.

Le salon de l’agriculture n’a pas encore commencé que la Nouvelle-Calédonie est déjà à l’honneur. Aline Guillermin, exploitante de la Ferme des petites fougères à Farino, remporte la 2e place du prix Innovation des trophées de l’agro-écologie qui seront remis le 3 mars prochain. 
La jeune femme, lauréate du prix régional remis ce mardi, a un parcours atypique. Elle était encore il y a peu pompier professionnel.
 

L’électro-culture pour favoriser la croissance

L’exploitation d’Aline Guillermin à Farino est un jardin d’Eden à flanc de montagne, ici tout pousse en bio, de préférence sur des buttes de permaculture avec des procédés innovants, comme l’électro-culture. Et sur ce sujet, la jeune femme est incollable :
" L’électricité statique, l’énergie qu’il y a dans l’air, va être captée par cette antenne et va passer par le cuivre qui est conducteur. Ensuite, le fil galva, il y a une partie qu’on enterre, donc l’électro-culture, ça va favoriser la croissance des plantes. Ce n’est pas nouveau, c’est quelque chose qui existe depuis des centaines d’années".  

Grâce à cette antenne, Aline Guillermin capte l'électricité statique et la renvoie dans la terre pour stimuler la croissance des plantes.

Optimiser les potentiels 

Son exploitation, Aline l’a ouverte il y a un an et demi seulement, après un passage au centre de formation professionnel et de promotion agricole de Port-Laguerre. Chaque année 200 stagiaires passent les portes de l’établissement avec pour la plupart un fort attrait pour l’agro-foresterie.
On essaye de vraiment mettre l’accent sur tout ce qui est agriculture biologique et alternative" explique Yolaine Mauffray, la directrice de l’établissement. "Donc on essaye de mettre au coeur de nos démarches l’aspect culturel et l’innovation et la manière dont les deux peuvent s’entrelacer pour optimiser nos potentiels en Nouvelle-Calédonie". 
 

Transmettre aux jeunes

Bananiers, pomme-lianes, taros, le tout en bio, le petit paradis d’Aline séduit également et inspire les étudiants de BTS Développement de l’agriculture des régions chaudes, venus visiter cette exploitation. 
La ferme des Petites fougères souhaite aussi transmettre le goût des produits locaux aux plus jeunes. Aline Guillermin a ainsi aidé les enfants de la Tamoa à créer le potager de leur école.

Aline Guillermin est adepte de la permaculture.

Valoriser les produits locaux

Ce prix Innovation est en tout cas une belle reconnaissance pour Aline Guillermin qui exploite deux hectares en bio, avec comme cheval de bataille, le bien manger. 
" On a poursuivi tout ce qui était agriculture, maraîchage, fruitiers bio, et nos projets c’est de continuer là-dessus tout en passant par des circuits courts et promouvoir tout ce qui est feuilles et plantes comestibles de diversification. Des produits locaux, tout ce qui est cultures vivrières, taros de montagne, taros Bourbon, taros d’eau, le manioc, le curcuma, tout ce qui est tubercule et qui est encore peu développé" explique Aline Guillermin. "Il y a aussi la fleur de bananier qui est jusqu’à présent jetée. Nous, on ne met pas de produits dans nos bananiers, du coup, on peut se permettre de manger la fleur, mais les gens ne savent pas la cuisiner, ne savent pas la manger, parfois ne savent même pas qu’on peut la manger. C’est important de promouvoir toutes ces possibilités. On a envie de partager et d’échanger".