Sur sa parcelle de terre à Farino, l'éleveur de bétail Hugues Orezzoli observe le retour du sporobolus. Une espèce végétale envahissante qu’il avait réussi à éradiquer en 2016, mais les nombreuses précipitations liées au phénomène climatique la Niña ont provoqué sa réapparition cette année. "Il n'y a pas que le bétail qui ne la mange pas. Si elle était consommée, même par les animaux sauvages comme les cerfs, elle ne serait pas envahissante. Là, aucune bestiole ne la consomme : c'est le problème. Elle est tellement dure qu'elle ne peut pas être consommée, sauf quand elle vient juste de germer."
Plusieurs dizaines de milliers de graines sur un pied
Apparu au 19e siècle en Nouvelle-Calédonie, le sporobolus est une graminée qui se développe rapidement sur les terrains. On la retrouve parmi les fourragères comme le signal, le pangola ou encore le rhodes. "Un pied de sporobolus, c'est plusieurs dizaines de milliers de graines qui sont produites chaque année, explique Thierry Guervilly, agropastoraliste de l'Institut agronomique néo-calédonien. Il faut imaginer que dans un mètre carré de sol, il y a toutes ces graines qui n'attendent qu'une seule chose, c'est d'avoir les conditions idéales pour pouvoir germer."
L'objectif numéro un de l'éleveur, c'est de maintenir le pâturage en bon état, suffisamment couvrant, pour que la graine qui est au sol puisse avoir le moins de lumière possible, afin d'éviter la germination.
Thierry Guervilly, agropastoraliste de l'Institut agronomique néo-calédonien
Pour lutter contre le sporobolus, la famille Orezolli utilise régulièrement un tracteur et un gyrobroyeur, mais les résultats sont insuffisants. "Si on veut limiter son expansion, il faut gyrobroyer tous les quinze jours à trois semaines. Ça n'est pas évident, avoue Hugues Orezzoli. On cherche une autre méthode et la prochaine étape sera l'utilisation d'un désherbeur à mèche, avec des produits chimiques, de façon à ne toucher que le sporobolus. Et conserver toutes nos espèces fourragères qui sont sur la parcelle."
Une meilleure gestion des pâturages
Surveillé et observé de près par l’IAC, la propagation du sporobolus peut être limitée grâce à une meilleure gestion des pâturages. Par exemple, "des temps de repos qui sont suffisants entre deux passages d'animaux, selon Thierry Guervilly. Et des temps de séjour limités : idéalement on dit que les animaux ne doivent pas rester plus de sept jours sur la parcelle."
L’IAC accompagne les éleveurs calédoniens et propose des pratiques agro écologiques pour contrôler au mieux les espèces envahissantes.
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Carawiane Carawiane :