Sept ans d’instruction et un dossier qui pèse lourd pour les prévenus. Corruption passive et active, escroquerie, délit de favoritisme… Les faits établis entre 2009 et 2013 sont les suivants. D’un côté, un couple à la tête de quatre entreprises de travaux publics. Tous deux ont cumulé les deux tiers des travaux d’entretien des internats de Bourail et de La Foa. De l’autre, une fonctionnaire au service de l’éducation de la province Sud en charge du suivi comptable et financier des chantiers. Cette dernière reconnaît avoir perçu pour plus de 19 millions de cadeaux et d’avantages divers.
300 millions de francs de préjudice
Pour la province Sud, le préjudice s’élèverait à 300 millions de francs. Pas moins de quatre juges d’instruction se sont relayés sur ce dossier. Et la défense de pointer une instruction à charge et de plaider pour un renvoi du dossier vers le procureur.
"Nous, en étant que justiciables, on n’a pas à subir les difficultés judiciaires et les différents changements de magistrat, indique Maître Martin Calmet, avocat de Leila Solomita, gérante d'entreprise. Ce qui nous importe, c’est que le travail soit fait correctement. Des gens sont accusés de faits extrêmement graves. Il nous appartient à nous, avocats de la défense, de pouvoir les défendre au mieux sur la base d’un acte juridique qui respecte les élémentaires du code de procédure pénale."
Un renvoi regrettable
Ce renvoi est regrettable pour le ministère public pour qui les charges et les preuves sont flagrantes. Ou pour la partie civile qui a souligné le sérieux de l’enquête de la brigade financière. Mais le dossier n’est pas enterré. "On va repartir sur une nouvelle instruction avec je l’espère, un jour, un jugement qui viendra clôturer ces comportements que je qualifie de voyous véritablement, commente Maître Cécile Moresco, avocate de la partie civile. On est effectivement sur des faits extrêmement graves avec un préjudice pour la province Sud qui avoisine les 300 millions. C’est une grosse affaire. J’espérais que ce dossier soit jugé aujourd’hui. La province Sud l’espérait également. Le tribunal en a décidé autrement. Nous verrons à la prochaine audience."
Dix ans après que les faits aient été dénoncés par la province Sud, ce dossier repart donc dans les méandres de la justice.