Les élus de la province Sud interpellent collectivement l'État, pour une aide financière d'urgence

Les élus de la province Sud réunis pour le débat d'orientation budgétaire dans l'hémicycle de la province, ce jeudi 24 octobre 2024.
Pas de passe d’armes, lors du débat d’orientation budgétaire de la province Sud tenu jeudi 24 octobre, mais un message d’unité de la part des élus. Tous se rejoignent pour solliciter une aide financière d’urgence de l’État, sans quoi la province Sud pourrait être en cessation de paiement, dès ce mois de novembre.

Avec 17,8 milliards de francs en moins dans les caisses, la situation financière de la province Sud est critique, après les exactions du 13 mai. Alors pour élaborer son budget 2025, la province est contrainte d’envisager des coupes drastiques, en matière sociale notamment. Réunis en assemblée ce matin pour débattre des orientations budgétaires, les élus provinciaux en appellent surtout à l’État, pour une intervention urgente.

Pour vous donner une petite idée, on revient au montant des recettes fiscales de 2004. Concrètement, on a un recul, lié à ce qu’il s’est passé le 13 mai de vingt ans des recettes de la Nouvelle-Calédonie”, indique Sonia Backès, présidente de la province Sud. Une déclaration qui donnait le ton, ce jeudi 24 octobre 2024, du débat d’orientation budgétaire.

"On est en train de voir la Nouvelle-Calédonie plonger dans le tiers-monde"

Les pertes fiscales estimées par la province Sud atteignent 17,8 milliards de francs CFP. Amputée de 31% de son budget, la collectivité risque même la cessation de paiement, d’ici le mois de novembre. Pour faire face à de telles réduction et continuer de payer ses agents, la collectivité envisage plusieurs mesures d’économie.

Des coupes drastiques envisagées, sans ressources nouvelles. “On n’est pas en train de faire un retour trente ans en arrière. On est en train de voir la Nouvelle-Calédonie, plonger dans le tiers-monde”, assure Philippe Blaise, premier vice-président de la collectivité. “Tout ce qui a été construit depuis les accords [de Nouméa et de Matignon], en matière de rééquilibrage, en matière de solidarité entre les Calédoniens, de rééquilibrage social… tout ça va, dans la situation de crise, si nous n’avons pas le soutien de l’État, être réduit à néant”.

Pour Aloisio Sako, élu du “FLNKS Sud”, les mesures drastiques envisagées ne doivent pas toucher aux droits fondamentaux. “Nous ne voulons pas rentrer dans les polémiques. Ce n’est pas le sujet. Simplement, dans les contraintes que nous impose le contexte, il faut préserver les droits fondamentaux concernant l’emploi, le logement, la santé et l’éducation. C’est quelque chose qui est capital dans la société la plus juste possible que l’on veut construire, pour éviter qu’il y ait encore d’éventuels événements”.

Interpeller collectivement l'État

Pas de passe d’armes dans l’hémicycle de la province Sud, ce jeudi 24 octobre. La discussion générale a surtout porté sur la nécessité d’interpeller collectivement l’Etat, sur la gravité de la situation. “La réponse de l’État à notre demande d’aide d’urgence n’est pas du tout à la hauteur des enjeux, de la gravité du moment et des menaces”, regrette Philippe Michel, élu Calédonie Ensemble.

Ce qu’il faut, c’est que tous ensemble, tous groupes politiques confondus, on adresse un message clair à l’État en lui réclamant son aide d’autant plus justifiée, que l’État est pour partie responsable de la situation dans laquelle on se trouve. C’est le seul moyen d’éviter l’effondrement pur et simple de la Nouvelle-Calédonie", assure Philippe Michel. "Ce que j’espère, c’est que tous les partis politiques s’inscriront dans cette logique, parce qu’il ne faudrait pas qu’après les émeutes politiques du 13 mai, il y ait des émeutes sociales au mois de décembre, ou des semaines à venir. Le pays ne s’en remettrait pas”.

Un message d’unité partagé par Virginie Ruffenach, élue “Agissons pour le Sud”. “Je pense que cette unité peut aussi se manifester ici, dans l’assemblée de la province Sud", indiquait ce matin l'élue dans l'hémicycle de la province Sud. "Et je rejoint les propos de Mr Philippe Michel sur le sujet. Avec cette volonté d’être unis, face à cette situation”.

La province Sud a d’ores et déjà sollicité une aide financière de l’État de 12 milliards de francs CFP. La première collectivité du pays espère désormais des engagements financiers concrets, d’ici le 5 décembre, date à laquelle le budget primitif 2025 doit être voté.

Le reportage de Sheïma Riahi et Cédric Michaut : 

©nouvellecaledonie

Invitée du JT le soir-même, Sonia Backès a développé le sujet avec Loreleï Aubry.