Débat d'orientation budgétaire : l'assemblée de province Sud envisage des mesures drastiques à cause d'une chute des recettes fiscales

A Nouméa, en septembre 2024, dans le bâtiment dédié aux tenues communes pour les écoliers de la province Sud, qui a été brûlé et saccagé.
C’est dans un contexte de crise sans précédent que l’assemblée de la province Sud se réunissait jeudi 24 octobre, pour l'orientation du futur budget primitif 2025. La collectivité doit composer avec une chute vertigineuse des recettes après les émeutes de la mi-mai. Elle considère que sa seule option est de réduire les dépenses. Ce qui pourrait lourdement affecter la population.

Une urgence absolue, pour la province Sud : réussir à équilibrer son budget pour 2025, face à une perte de recettes de plus de 30 %. Un manque à gagner engendré, selon la collectivité, par les émeutes de la mi-mai et la destruction des entreprises, pourvoyeuses de rentrées fiscales.

Les investissements divisés par 2, voire 4 ?

La situation est désormais plus que précaire. C’est 17,8 milliards de francs CFP, qu’il faut trouver. De fait, la province Sud va solliciter une aide de l’Etat d’environ 12 milliards. Pour les 6 milliards restant, elle envisage des coupes budgétaires drastiques. Santé, enseignement, social, infrastructures, environnement. Tous les secteurs peuvent être visés. Et concernant les investissements, le budget pourrait être divisé par 2, voire par 4. Le tissu économique serait alors fortement affecté, la province Sud étant le premier investisseur public du pays.

L'exercice d'équilibre attendu en 2025 impose à ce stade une correction évaluée entre 22 % et 30 % du budget de fonctionnement (donc entre 9 et 12 milliards de francs), soit un effort sans précédent.

La province Sud, dans un dossier de presse

Affluence, dans l'hémicycle provincial Sud, pour un débat d'orientations budgétaires qui s'annonce solennel, le 24 octobre 2024.

La Maison bleue a listé des pistes d'économie "qu'elle serait conduite à faire, sans ressources nouvelles" :

  • gel intégral des postes devenus vacants
  • suppression des crédits de remplacement, y compris pour les enseignants
  • arrêt du Programme provincial d'insertion citoyenne (PPIC)
  • optimisation du nombre d'élèves par classe (30)
  • fermeture de tous les centres médico-sociaux
  • fermeture de tous les parcs provinciaux
  • révision de l'âge d'éligibilité au minimum vieillesse
  • suppression de toutes les bourses scolaires et d'enseignement supérieur
  • fin du dispositif d'accompagnement numérique des usagers
  • suspension du budget participatif 
  • fin du soutien aux opérations d'équipement dans les communes
  • coupure des dispositifs d'aides à l'investissement pour les très petites entreprises (TPE) et les agriculteurs 
  • diminution drastique de l'entretien et la mise en sécurité des routes
  • arrêt des projet de rénovation des bâtiments provinciaux
  • réduction massive des subventions aux associations (jeunesse, sport, culture, action sociale, environnement, développement économique).

Des milliards en attente de versement

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi la Cafat, doivent près de huit milliards de francs CFP à la province Sud. La situation apparaît si critique que l’institution pourrait se trouver dès novembre en cessation de paiement. Le vote pour le budget primitif doit avoir lieu le 5 décembre.

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