Le budget de la Nouvelle-Calédonie adopté, après avoir vu son examen suspendu de longues heures

“Ô temps, suspends ton vol”, écrivait Lamartine… Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, lui, a suspendu la séance extraordinaire de ce vendredi 28 mars… à plusieurs reprises.

L'ouverture de séance

Elle est dédiée au budget 2025 de la Nouvelle-Calédonie. Un sujet hautement sensible, voire carrément explosif, notamment parce qu'il s'articule autour du grand prêt garanti par l'État mais sous conditions. Un budget de crise, qui doit malgré tout être soumis au vote avant le 31 mars ou la mise sous tutelle se profile. Cette session très attendue est ouverte en début de journée, avec au moins une demi-heure de retard.

Début de compte rendu par Mathieu Ruiz Barraud et Nicolas Fasquel

Les heures filent, les débats ne reprennent pas

Les représentants politiques y vont de leurs déclarations respectives. Puis la présidente du Congrès, Veylma Falaeo, prononce la suspension, en fin de matinée. Elle se prolonge le temps du repas, l'après-midi défile, mais les débats ne reprennent pas dans l'hémicycle. C'est à 16h28 que la séance recommence, comme si de rien n'était, avec les résultats de la TGC à affecter.

Un retour "comme ça"

"Nous avons essayé d’imaginer, les uns et les autres, un travail qui permette de garantir le vote de l’ensemble des délibérations budgétaires", explique en effet Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble. Il parle de retirer des amendements sur ce texte, d'en ajouter un sur une autre délibération, un article est soumis au vote… Mais là, le président du groupe UC-FLNKS fait part de son étonnement. "On redémarre comme ça. On a suspendu la séance depuis ce matin, quand même ?!", dit Pierre-Chanel Tutugoro.

Le pourquoi de la longue pause

Il s'avère que pendant les longues heures de pause, il a été envisagé d'interrompre les débats ou de les reporter. Et pourquoi pas jusqu'à la semaine prochaine, après le passage du ministre Valls, même au-delà du 31 mars ? 

"Ce matin, on a suspendu parce qu'on sentait qu'il y avait un risque sur le budget de la Nouvelle-Calédonie", éclaircit la présidente du groupe Rassemblement, Virginie Ruffenach. "On s'est engagés dans des discussions pour essayer de trouver des équilibres et la journée s'est terminée avec une demande, de certains de nos collègues, de suspendre". 

"Il y avait un non-consensus des groupes sur la suite à donner, précise Sonia Backès. Au titre des Loyalistes, nous n'étions pas favorables à la position portée par l'UC-FLNKS". 

La conclusion après examen juridique

"Mea culpa" de Veylma Falaeo, "j'ai été trop vite". L'occupante du perchoir boulevard Vauban prend donc le temps d'expliquer à l'intergroupe UC-FLNKS : "J'ai consulté le secrétariat général et il y a, à mon sens, de gros risques". Risques juridiques, s'entend. Le secrétaire général, Vidjaya Tirou, renchérit en évoquant les différents scénarios suggérés et la jurisprudence en la matière. "Toutes ces considérations de prudence nous ont amenés à ne pas envisager le report de cette séance, même s'il y avait une volonté partagée sur le sujet". 

La séance recommence

Pierre-Chanel Tutugoro requiert une autre suspension "pour clarifier tout ça entre nous" c'est-à-dire au sein du camp indépendantiste. Il est 16h45. À 17h35, les affaires reprennent, les conseillers commencent (enfin) à aborder le budget propre de la Nouvelle-Calédonie. Celui qui permet l'action du gouvernement et de ses services, il est annoncé à 205,7 milliards de francs.

Ça passe grâce à Veylma Falaeo

Vers 19 heures, le voilà adopté, par :

• 25 voix pour, sur 53 votants. Celles des Loyalistes, du Rassemblement, de Calédonie ensemble mais aussi de la présidente du Congrès Veylma Falaeo, qui est prépondérante et permet de faire basculer le vote.
• 25 voix contre. Celles des indépendantistes, UC-FLNKS comme UNI.
• trois abstentions. Les deux autres conseillers Eveil océanien ainsi que Yoann Lecourieux, sans étiquette.

Résumé avec le plateau d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel

Il reste alors à enchaîner, avec le budget de reversement (79,9 milliards) et le budget de répartition (101,8 milliards). Très vite, ils sont à leur tour adoptés.