Municipales : les enjeux à Moindou

10e commune la plus petite du territoire et l’une des moins peuplée, Moindou reste forte de ses emblèmes. La crevetticulture est l’un de ses poumons. Et son passé contribue à la rendre attractive. Mais ses atouts rencontrent des difficultés. Et la thématique de l’eau pose question.

L’avenir du Fort Téremba 

Il a près de 150 ans, c’est le site le plus visité de Nouvelle-Calédonie : le Fort Téremba, patrimoine incontournable. La commune est propriétaire de ses bâtiments et lui verse une subvention de fonctionnement. 6000 visiteurs et 1000 scolaires l’ont découvert l’an dernier. 6000 autres personnes ont assisté à des évènements dans son enceinte. Mais à l’heure des coupes budgétaires provinciales et territoriales, son avenir est incertain malgré un rôle primordial :
«  C’est l’accueil du touriste pour pouvoir évoquer le contenu historique. C’est le bagne, c’est la colonisation pénale, c’est l’insurrection de 1878. L’accueil du jeune public, donc ce sont les scolaires, les classes patrimoine, c’est vraiment quelque chose d’important au sein de la structure. Nous accueillons des classes tout au long de l’année » explique Manu Cormier, le directeur du Fort Téremba. « Et puis il y a tout un volet insertion. Tout récemment, pendant six mois, avec des jeunes qui sont intervenus sur la restauration du sous-bassement de la maison de commandant ».
 

Le déficit d’eau 

Si le futur du fort a son importance, Manu Cormier évoque un autre point prioritaire du devenir de la commune : la question de l’eau. Elle a souvent été abordée par le passé.
Et aujourd’hui, les difficultés deviennent plus concrètes en matière d’approvisionnement :
«  Il y a déjà dix ans en arrière, le Conseil de l’eau qui s’était tenu à Moindou avait prévu qu’au début des années 2020, on serait en déficit. Et on le vérifie. Avec la dernière sécheresse, on le voit bien, et donc ça veut dire qu’il va falloir aller chercher la ressource en eau beaucoup plus loin, par exemple jusqu’à Aremo, dans le fond de la vallée de Boghen » rappelle Manu Cormier.
 

L’aquaculture, une fierté de la commune, mais fragilisée 

Un thème de l’eau omniprésent. Outre celle utilisée par la population, il y a celle qui génère de l’emploi. L’aquaculture s’est implantée dans les années 1980 pour la production de crevettes.
Elle a permis à Jean-Yves Odino, originaire de la tribu de Kélé, de travailler pendant près de trois décennies pour la Sodacal. Le premier employeur de Moindou :
« Une bonne moitié déjà de nos salariés, c’est un peu la famille, parce qu’on est tous originaires de la commune de Moindou, des tribus environnante » explique Jean-Yves Odino, responsable d’atelier maintenance Sodacal. « On est heureux de participer un peu à notre activité parce que c’est une fierté pour nous ».

Le site comprend quatorze bassins sur 130 hectares de production. Trente-quatre salariés sont mobilisés de la reproduction jusqu’au grossissement. Et des saisonniers sont sollicités pour la récolte. L’activité a connu un pic au milieu des années 2000. Et s’est adaptée à cette croissance.
« Le temps des années 1990, on était encore en bateau et aujourd’hui, on a évolué, on est plus dans le système Wifi, distribution automatique, ça nourrit tout seul, jour et nuit » explique Jean-Yves Odino.
 
Une ascension freinée toutefois ces dernières années par des syndromes accentuant la mortalité des crevettes. Dans un rapport l’an passé, l’institut d’émission d’Outre-mer évoquait un déficit de production de 20% en moyenne depuis dix ans par rapport aux besoins de la filière.
Le reportage Martin Charmasson et Christian Favennec : 

 

La carte d’identité de Moindou